Faire bouillir la marmite

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Heureux Béninois ! Non content d’être un havre de paix et de stabilité, leur pays est depuis plus de cinq ans un modèle de respect des critères d’intégration économique dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’un des champions continentaux du taux de croissance (plus de 5 % par an en moyenne) et l’un des rares à avoir connu des alternances politiques dans un cadre quasiment démocratique. Heureux Béninois qui continuent malgré tout à râler et à protester. Contre le coût de la vie, alors que l’inflation est faible, contre le manque d’emplois et contre le peu de
retombées des excellents résultats affichés sur le plan économique.

Il est vrai que les fruits de la croissance sont toujours très inégalement répartis. À cause des longues années de gabegie, sous le règne du même Kérékou du reste, qui ont conduit, à la fin des années 1980, le pays au bord de la faillite. À cause d’une pauvreté largement répandue et pour laquelle, sans un coup de pouce extérieur substantiel dans le domaine social (santé, logement, éducation) et un taux de croissance d’au moins 8 %, on ne peut espérer de véritable (et palpable) progrès. À cause aussi de voisins, soit politiquement instables, soit trop pauvres, soit trop puissants et donc déstabilisants. C’est le cas du grand Nigeria, dont le Bénin tire une bonne partie de ses moyens de subsistance et de sa croissance. Non pas tant celle que tentent de refléter, vaille que vaille, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international dans leurs données statistiques. Mais celle qui permet, au quotidien, à des centaines de milliers de Béninois de faire bouillir la marmite. Ce fameux secteur informel – dont nul ne connaît l’étendue réelle – qui permet de fournir des revenus à une population que l’État ne peut en aucune manière prendre en charge.

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Car la croissance béninoise est trop faiblement créatrice de richesses : à plus de 50 %, elle est issue des activités de services et non des activités secondaires capables de contribuer à l’édification d’un véritable tissu industriel. Soit, à peu de chose près, le modèle affiché par des économies développées. Tout au plus peut-on se féliciter du fait que le président Kérékou léguera à ses successeurs un secteur bancaire assaini et vigoureux, des ressources humaines bien formées et une bonne image de marque à l’extérieur. À charge pour eux d’essayer de combattre la corruption, qui, ici aussi, fait des ravages…

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