Entre le ciel et l’eau

La cité lacustre a été fondée il y a plus de deux siècles par le roi Agbogboé.

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 1 minute.

Sept heures du matin, près de l’embarcadère d’Abomey- Calavi. Attachées les unes aux autres, les pirogues sont bercées par le mouvement du lac. Fin prêtes pour un énième aller-retour avec les cités lacustres, elles n’attendent que leurs chargements. Après vingt minutes de trajet, Ganvié apparaît enfin.
Seul village entièrement bâti sur l’eau, Ganvié a vu le jour au début du XVIIIe siècle. À cette époque, les rois d’Allada et d’Abomey, bien plus despotes que bienfaiteurs, vendent leur propre peuple aux négociants d’esclaves. Pour échapper à la déportation, les populations se cachent dans les zones marécageuses du lac Nokoué, elles créent plusieurs villages sur pilotis. Fondé par le roi Agbogboé, Ganvié est le plus important d’entre eux. Des pieux en bois constituaient l’ossature des habitations, les murs étant érigés avec des branchages tressés ou des bambous, et les toits construits en chaume. Aujourd’hui, ces cases traditionnelles laissent peu à peu la place à un habitat plus moderne, fait de tôles et de ciment. Ganvié abrite actuellement quelque 20 000 habitants.
Les villages lacustres font partie de la sous-préfecture de Sô-Ava. À elle seule, la ville de Ganvié, sous l’autorité de son roi, Hougton Zimbê, compte deux communes et onze villages. Les hameaux voisins, comme Aguégué, Sô-Tchanhoué ou Zougammé, sont construits sur le même modèle. Ensemble, ils totalisent environ 40 000 habitants. À l’origine agriculteurs, ces peuples réfugiés dans des zones aquatiques ont été contraints, au fil du temps, à se faire pêcheurs. Leur technique remonte d’ailleurs à la fondation des villages. Ils ont créé dans la lagune, à 1,70 m de profondeur, de vastes enclos marins cerclés de branchages appelés akadja, et au sein desquels ils ont reproduit l’environnement naturel des poissons afin de mieux les y attirer. Plusieurs hommes, le corps entièrement immergé, y récupèrent à la main les carpes, soles ou mulets pris au piège. Cette activité fait vivre quelque 30 000 personnes et fournit 80 % des protéines animales consommées dans le sud du pays.

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