Djimon Hounsou

Acteur

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 3 minutes.

Djimon Hounsou a été sans domicile fixe avant de devenir esclave. Mais ne nous y trompons pas : si cet acteur de 39 ans a connu la galère, il n’a porté les chaînes que pour le cinéma, sous la direction du réalisateur Steven Spielberg dans Amistad ! Plus récemment, on a pu voir le Béninois sur les écrans accompagner Angelina Jolie au coeur de la Vallée des ombres pour atteindre le berceau de la vie, dans Tomb Raider II.
L’histoire de Djimon (« Vendredi ») Hounsou commence à Porto-Novo, au Bénin, où il est né le 24 avril 1964, « à 7 h 15 exactement ». Élevé par son frère aîné, il n’a guère connu sa mère, Albertine, partie en 1970 rejoindre son mari installé en Côte d’Ivoire. Tout petit, Djimon découvre le septième art au cinéma Vogue de Cotonou, où triomphent les westerns habités par John Wayne et Gary Cooper, loin d’imaginer qu’un jour il passera derrière l’écran. En 1979, envoyé à Lyon pour y poursuivre ses études, il découvre un autre monde. Les études le lassent vite, il quitte le collège pour toutes sortes de petits boulots qui le conduisent, 500 francs en poche, à Paris. Pendant un an, un banc en face du centre Beaubourg lui fait office de lit, il puise sa nourriture dans les poubelles. Aujourd’hui, dans les interviews, Djimon ne veut pas s’attarder sur ces détails : conte de fées pour journalistes en mal de sensations, argument marketing de mauvais goût, il vaut mieux passer à autre chose.

Parlons donc abdos, pectoraux et stature. Djimon est grand, beau et bien fait. Un mètre quatre-vingt-sept, 95 kg de muscles : « un pur bloc de fantasmes », écrira Marie Colmant dans Le Monde. En 1986, un photographe le remarque, le cliché finit dans les mains du couturier Thierry Mugler et le tour est joué : il devient mannequin, superbe alibi d’une collection estampillée « Afrique ». Encouragé par Mugler, il quitte la France pour les États-Unis. À Los Angeles, en 1990, Djimon multiplie les séances de pause, apprend l’anglais et le théâtre. Le grand photographe Herb Ritts l’immortalise avec une pieuvre vivante posée sur la tête dans le livre Men and Women. Du papier glacé où il expose son corps sculptural, aux vidéoclips de pop stars en vogue, il n’y a qu’un pas. Vite franchi : Djimon tourne avec Madonna et Paula Abdul sous la direction de David Fincher, puis avec Janet Jackson sous la direction d’Herb Ritts.

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Enfin, il participe à quelques longs-métrages, comme Obsession fatale (Jonathan Kaplan) et Stargate (Roland Emmerich). Puis c’est le grand pas. Steven Spielberg cherche quelqu’un pour jouer le rôle de Joseph Cinque, fermier sierra-léonais emmené en esclavage par un négrier cubain, meneur d’une mutinerie, jugé et libéré par un tribunal américain en 1839. Cent cinquante candidats se présentent au casting, et pas des moindres : Will Smith, Cuba Gooding Jr., Isaac de Bankolé. La carrure de Djimon, sa façon « d’habiter son corps » et son « sens du destin » séduisent Spielberg. Pour incarner Cinque, il devra apprendre quelques mots de sa langue, le mende. Mais à la différence de La Liste de Schindler, Amistad n’a pas été sélectionné aux oscars. Signe, sans doute, que la question de l’esclavage reste un sujet qui dérange.

Depuis, la carrière de Djimon stagne un peu. On l’a aperçu dans Gladiator de Ridley Scott, Le Boulet d’Alain Berberian, In America de Jim Sheridan ou Biker Boyz de Reggie Bythewood. On le verra bientôt dans Blueberry, adapté de la célèbre bande dessinée de Jean Giraud (alias Moebius). Quant à Tomb Raider II, c’est une ineptie totale, mais la perspective de partager quelques instants avec la sulfureuse Lara Croft explique peut-être le choix du Béninois…

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