Cette fois, est-ce la bonne ?

Le nouvel accord conclu dans la nuit du 7 au 8 octobre entre le gouvernement et la rébellion hutue suscite bien des espoirs.

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Thabo Mbeki n’a pas ménagé sa peine. De plus en plus impliqué dans le règlement des crises qui secouent la région des Grands Lacs, le président sud-africain a suivi de très près les négociations entre le gouvernement burundais et les Forces pour la défense de la démocratie (FDD), la principale rébellion hutue, n’hésitant pas à intervenir personnellement dans la dernière ligne droite. Avec le concours d’experts ougandais, les médiateurs sud-africains ont commencé par esquisser les fondements de l’accord. Sur cette base, Mbeki a reçu Domitien Ndayizeye, le président burundais, et Pierre Nkurunziza, le chef des FDD, dans une pièce équipée d’un tableau noir. Tendant une craie à ses visiteurs, il leur a demandé de dessiner leur schéma de partage du pouvoir. Trois jours ont été nécessaires pour parvenir à une solution acceptable par tous.
Après dix ans d’une guerre civile qui a fait plus de 300 000 morts, l’accord politico-militaire signé dans la nuit du 7 au 8 octobre, à Pretoria, constitue une avancée majeure dans le processus de pacification du Burundi. Même si les (nombreux) échecs du passé incitent à la circonspection. Le grand mérite de l’accord, qui s’inscrit dans le processus enclenché en août 2000 à Arusha (Tanzanie), est d’élargir ce processus aux factions rebelles, alors qu’auparavant seuls les partis politiques participaient au partage du pouvoir. Des représentants du FDD vont donc siéger au gouvernement, ils détiendront quatre postes, dont un de « ministre d’État ». Les rebelles disposeront également de sièges à l’Assemblée et au Sénat, de postes de direction au sein des entreprises publiques, de trois postes de gouverneur de province et de deux ambassades. Enfin, ils se verront confier 40 % des postes de commandement dans l’armée. Cinquante pour cent des effectifs de la troupe et 35 % de ceux de la police seront issus de leurs rangs, ce qui permettra de réinsérer socialement une partie de leurs combattants (entre 15 000 et 20 000 hommes).
Reste que tous les éléments factieux n’ont pas déposé les armes. Les Forces nationales de libération (FNL), qui revendiquent plus de 3 000 hommes, poursuivent leurs attaques contre la capitale. Et il semble bien que certains éléments des FDD rechignent à se plier aux directives de leur chef. « Même si les combats ont baissé d’intensité, les effets sur la population ne se font pas encore sentir. Les vols, les pillages, les assassinats ciblés continuent », a déploré, le 14 octobre, le colonel Augustin Nzabampema, porte-parole de l’armée.
L’application de l’accord demeurant partielle, le renforcement des moyens de la Force africaine de maintien de la paix au Burundi apparaît comme une urgence absolue. Sur les 2 870 soldats attendus, seuls 1 600 Sud-Africains étaient déployés à la fin du mois d’août. Fin septembre, ils ont été rejoints par 850 Éthiopiens. Les vingt premiers soldats mozambicains sont arrivés le 15 octobre à Bujumbura. Un second groupe de 200 hommes était attendu trois jours plus tard.
Hélas ! pour sa première opération de maintien de la paix, l’Union africaine peine à réunir les fonds nécessaires. Pour boucler son budget (de l’ordre de 120 millions de dollars), elle a sollicité divers bailleurs de fonds, mais ceux-ci trouvent apparemment la note trop salée. La conférence des contributeurs, qui devait se tenir à la fin du mois, a été reportée à décembre, pour laisser le temps à l’UA de revoir sa copie. En espérant que le cessez-le-feu tienne le coup.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires