Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan enterreront-ils la hache de guerre avant la présidentielle ?

Les derniers secrets qui entouraient la rencontre entre Laurent Gbagbo et son ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, à Bruxelles début janvier, ont été dévoilés par le camp Gbagbo. Ils démontrent un potentiel pacte en vue de la présidentielle d’octobre 2020 en Côte d’Ivoire.

Pascal Affi N’Guessan. © Vincent Fournier/JA

Pascal Affi N’Guessan. © Vincent Fournier/JA

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Publié le 21 janvier 2020 Lecture : 3 minutes.

Le communiqué a été personnellement validé par Laurent Gbagbo. Assoa Adou, secrétaire général de la dissidence et témoin oculaire de la rencontre, qui devait le rédiger et le signer depuis plusieurs jours, ne semblait pas pressé de le faire. Et pour cause, à première vue, le grand gagnant de cette rencontre préparée dans le plus grand secret et qui a pris de court aussi bien le pouvoir que l’opposition n’est autre que Pascal Affi N’Guessan, président légal du FPI.

De fait, les 4 et 5 janvier, lors des deux dîners organisés dans un hôtel bruxellois entre les deux personnalités qui ne s’étaient plus revues depuis la chute de Gbagbo, en avril 2011, Affi avait obtenu de son ex-mentor l’organisation d’un congrès dit unitaire du FPI.

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Celui-ci devra, selon le communiqué rendu public par Assoa Adou dimanche 19 janvier, deux semaines après la rencontre et plusieurs jours après le communiqué du camp Affi, « reconduire le président Laurent Gbagbo à la tête du parti ». En contrepartie, Pascal Affi N’Guessan devrait être nommé « premier vice-président assurant l’intérim avec les pleins pouvoirs ».

Affi, colistier de Gbagbo ?

Président du FPI depuis 2001, Affi avait succédé à Gbagbo, fondateur du parti, un an après l’accession au pouvoir de celui-ci. S’il dirige la formation depuis cette date, il est farouchement contesté depuis 2014 par une fronde conduite par d’éminents cadres et soutenue par une bonne partie de la base.

« Concernant l’élection présidentielle de 2020, Monsieur Affi N’Guessan a demandé à être le colistier du président Laurent Gbagbo, si celui-ci est désigné candidat du Front Populaire Ivoirien », précise par ailleurs Assoa Adou.

Le poste de premier vice-président assurant l’intérim n’avait pas été pourvu par Gbagbo, après le décès de son bras droit Aboudramane Sangaré, en novembre 2018. Simone Gbagbo, son épouse, qui espérait avoir le poste, devra encore attendre.

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Le « congrès unitaire » qui sera organisé entre les deux camps devrait entériner ou récuser cet accord avant la fin du premier trimestre 2020.

Écueils

Un accord comporterait des pièges pour les deux camps, selon l’analyste politique Sylvain N’Guessan. Candidat malheureux à la présidentielle d’octobre 2015 (moins de 10% des suffrages), Affi a conscience qu’il ne saurait se faire élire face à un candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP du président Alassane Ouattara) sans le soutien officiel de Gbagbo. Ce dernier a conservé sa popularité auprès de son électorat et mise davantage sur le sentiment d’injustice provoqué par son procès controversé à la Cour pénale internationale (CPI).

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« Affi pourrait être piégé par le rejet de la candidature de Gbagbo dont il compte être le colistier », commente N’Guessan. En effet, outre sa condamnation par contumace à vingt ans de prison par la justice ivoirienne, les « modifications de la Constitution » que devrait proposer le chef de l’État pourraient sceller le sort de Gbagbo et d’autres personnalités de l’ancienne génération de la classe politique ivoirienne, Henri Konan Bédié compris.

Alors que les barons des deux camps du FPI répètent à l’envi que leur parti participera au scrutin présidentiel prochain, tout en refusant d’étudier l’éventualité d’une participation sans Laurent Gbagbo, Sylvain N’Guessan craint un danger plus grand pour le parti lui-même : l’implosion après la division. « Si le FPI rate ce « congrès unitaire » à cause de ces enfantillages que des partisans dénomment « GOR » [Gbagbo ou rien, NDLR], les cadres et militants de ce parti pourraient longtemps le regretter. » Et de souligner : « Dans les textes marxistes, on dit que chaque structure porte en elle-même les germes de sa propre destruction ».

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