Algérie : une « injustice historique »

Publié le 21 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Alors qu’au Maroc la femme va devenir presque l’égale de l’homme, chez les voisins algériens la réforme tant attendue du Code de la famille (ou son abrogation) tarde à venir. Voté sans discussion en 1984 par l’Assemblée populaire nationale (APN), alors composée uniquement de députés FLN, ce texte, inspiré de la loi musulmane – la charia -, soumet la femme à la volonté de l’homme. Reléguée au statut de mineure à vie, elle ne peut consentir au mariage sans la présence d’un tuteur matrimonial (homme bien sûr) ni s’opposer à la polygamie, et obtenir le divorce. Elle ne peut se marier avec un étranger non musulman, transmettre sa nationalité à ses enfants ou exercer une tutelle sur eux…
Les rapports dans le couple sont caractérisés par la hiérarchie qui impose le mari comme « chef de famille », l’épouse étant tenue d’obéir et « de lui accorder des égards et d’allaiter sa progéniture » , ainsi que le stipule l’article 39. Le divorce intervient « par la volonté de l’époux » (art. 48) – ce qui laisse croire à une simple légalisation de la répudiation -, « ou à la demande de l’épouse dans la limite des cas prévus aux articles 53 et 54 ». Mais, à la lecture de ses deux derniers, les raisons et preuves que les femmes doivent avancer pour introduire une demande de divorce semblent très difficiles à réunir. La polygamie est clairement légalisée dans l’article 8 : « Il est permis de contracter mariage avec plus d’une épouse dans la limite de la charia », c’est-à-dire quatre.
Les conséquences de ce texte sur la vie sociale, qu’elle soit maritale ou familiale, sont dramatiques. Des femmes, et parfois leurs enfants, se retrouvent dans des situations précaires, voire à la rue, parce qu’un homme en a décidé ainsi. Depuis plus de vingt-cinq ans, des femmes de la société civile, soutenues pas d’anciennes combattantes de la guerre de libération, luttent pour l’abrogation d’un Code discriminatoire qu’elles qualifient de « torchon » ou d’« injustice historique ». Malgré les rassemblements et les manifestations, rien n’a changé. « Une proposition portant sur vingt-deux amendements du Code de la famille a été soumise, il y a quelques années, à Ahmed Ouyahia, déjà Premier ministre, mais elle est restée lettre morte », explique Zazi Sadou, présidente de l’association Rassemblement algérien des femmes démocrates (RAFD). Le débat sur le Code de la famille a été régulièrement relancé par les associations féminines et, à chaque fois, enterré sous l’oeil averti des islamo-conservateurs. Bref, en attendant que le vent de la réforme de la Moudawana traverse la frontière, les Algériennes continuent à espérer et à se battre pour être libres…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires