Vos lettres et emails sélectionnés
La paille et la poutre
Le ministre des Affaires étrangères de l’État d’Israël a cru bon de venir à Paris pour demander à notre gouvernement d’agir plus efficacement contre l’antisémitisme. Devant une telle démarche, comment ne pas penser à la parole de Jésus recommandant à chacun d’enlever la poutre de son oeil avant de vouloir enlever la paille dans l’oeil du voisin ? En effet, si graves et inacceptables que soient les actes antisémites commis chez nous par quelques voyous, chacun sait qu’ils sont, en France, fermement condamnés par les pouvoirs publics et par la justice. Tandis que, depuis tant d’années, les Palestiniens sont traités de façon injuste non seulement par certains colons, mais aussi par le gouvernement israélien.
Le « Noir » toujours méprisé
Plusieurs siècles après l’abolition de l’esclavage et plusieurs années après la fin du colonialisme, l’image de l’homme noir ne s’est guère améliorée. Nombreux sont les Blancs qui conservent une vision condescendante du Noir. Que ce soit en Occident ou au Maghreb, le Noir ne vaut pas lourd. Il est rejeté, sous-estimé, sous-employé, avili et exploité. Les quelques efforts d’intégration réalisés jusqu’ici par certains pays européens, dont la France et le Royaume-Uni, dans le domaine du sport notamment, méritent d’être généralisés aux autres secteurs d’activité et élargis aux autres pays du monde. Cela éviterait à certains Blancs frustrés de continuer à se considérer comme des surhommes et de mépriser les Noirs.
Visionnaire intermittent ?
J’ai lu avec intérêt l’article paru dans le J.A.I. n° 2277 sous le titre « De Gaulle visionnaire ». Il est normal qu’un fils rende hommage à un père de cette stature, même s’il a tendance à enjoliver. J’ai apprécié le passage sur Israël qui est lucide et inquiétant. Cependant, il ne faut pas oublier que les talents de « visionnaire » de De Gaulle ont connu quelques regrettables éclipses. Je pense à l’Indochine, où Leclerc avait mieux jugé la situation que lui ; à Mendès France qui a perdu le pouvoir à l’Assemblée nationale (majorité gaulliste et communiste contre lui) alors qu’il s’apprêtait à s’occuper de la décolonisation de l’Algérie, après celle de l’Indochine et de la Tunisie.
Chrétiens bis
Dans son article intitulé « La croix et la bannière », paru dans le n° 2278, René Guyonnet parle des « Born again Christians » ou « Evangelical Christians ». Ce que certains, écrit-il, traduisent par « chrétiens évangélistes » ou « chrétiens évangéliques ». Sans vouloir couper les cheveux en quatre, je propose « chrétiens nés de nouveau », ce qui est la traduction littérale de « Born again Christians ». Ce terme est utilisé, en Afrique notamment, par les chrétiens francophones membres de ces églises, elles-mêmes souvent appelées « Églises de réveil ». Les « chrétiens évangéliques » renvoient à une dénomination bien précise : celle de l’Église évangélique (comme on parle de l’Église anglicane). Il existe ainsi l’Église évangélique du Congo et l’Église évangélique du Gabon, pour ne citer que ces deux entités.
« Sale nègre »
Je suis outré de la réaction scandalisée de certains lecteurs lorsqu’on évoque le racisme des Arabes envers les Noirs. Moi-même originaire de la Guadeloupe, j’ai visité trois pays du Maghreb et je peux affirmer que cela existe. Tout d’abord au Maroc, où je me suis rendu en voyage organisé avec ma femme (qui est blanche). J’étais le seul Noir (français) parmi les 200 touristes. À l’hôtel, un pot d’accueil nous a été offert. Les employés ont servi tout le monde sauf moi. Ce sont les autres Français qui étaient scandalisés par leur comportement. Ensuite, en Algérie, où je me suis rendu en tant que représentant de mon association interculturelle. Les Algériens ne voulaient pas croire que j’étais un responsable français. J’étais un Noir, c’est tout. Enfin, en Tunisie, que j’ai visitée à nouveau en voyage organisé. Alors que nous nous promenions, les passants se moquaient de moi en imitant des mimiques de singe. Les Arabes sont encore plus racistes que les Européens. À Paris, où j’habite, combien de fois des Arabes m’ont traité de « sale nègre » et ont craché sur ma voiture ? ! Je remercie Jeune Afrique/l’intelligent d’avoir levé le voile et osé parler de ce sujet tabou.
Bourse riquiqui
Depuis le 12 juin 2004, la République du Tchad est entrée dans le cercle restreint des pays exportateurs de pétrole. Cette manne pétrolière qui rapportera au budget de l’État une somme de 60 milliards de F CFA en 2004 est considérable. 80 % des revenus sont destinés aux secteurs clés tels que la santé, l’éducation et le développement des infrastructures. Les 20 % restants iront au fonctionnement de l’État et aux générations futures. Mais de quelles générations futures parle-t-on ?
Probablement de la jeunesse estudiantine tchadienne qui, avec une bourse dérisoire de 75 euros par an, n’arrive pas à subvenir à ses besoins que ce soit au Maroc, en Europe, en Amérique ou en Russie. N’oublions pas que c’est cette jeunesse dynamique qui ne cesse de soutenir son gouvernement pour aller de l’avant dans le processus de développement économique, social et culturel. C’est aussi cette jeunesse qui a placé tous ses espoirs dans la manne pétrolière et qui se sent aujourd’hui humiliée, réduite et piétinée.
Premier ministre « blanc » en pays « noir »
Je suis avec intérêt le débat dans J.A.I. sur le racisme au Maghreb. Un lecteur souligne que « les conflits ethniques sont l’une des principales causes de mortalité en Afrique ». Or les conflits ethniques ne relèvent pas du racisme. Les ethnies africaines appartiennent toutes à la même « race ». De plus, nombre de ces conflits trouvent leur origine dans l’attitude de puissances étrangères à l’Afrique ayant trouvé des complices, hélas ! africains, pour asseoir leur influence. Moi-même, je suis un Touareg de Tombouctou et j’ai la peau blanche. L’ex-Premier ministre de mon pays était « blanc » comme moi. Dans les pays du Maghreb, il y a des milliers de Noirs. Alors, à quand un Premier ministre marocain ou tunisien noir ? Nous devons tous nous retrouver sur la table de la fraternité.
Écolos tunisiens
Je serais catastrophée si le ministère de l’Intérieur tunisien refusait d’autoriser le parti écologiste « Tunisie verte » (voir le « Confidentiel » paru dans J.A.I. n° 2274). La création d’un tel parti est plus que jamais une urgence. Il y a en effet de quoi s’inquiéter pour l’avenir du pays et des générations futures :
– le ministère de l’Environnement a été remplacé par un simple secrétariat d’État, sous la tutelle du ministère de l’Agriculture ;
– le gouvernement a opté pour le tourisme de masse, grand consommateur d’eau et très polluant ;
– à Tozeur (au sud de la Tunisie), la palmeraie originelle se rétrécit comme peau de chagrin, grignotée par le béton ;
– les fameuses forêts du nord (la Khroumirie) meurent à petit feu sous l’effet d’un parasite mystérieux ;
– à Tabarka (au Nord), on sacrifie des pans entiers de forêt pour construire des terrains de golf pour touristes amateurs ;
– des animaux tels les perdrix et les outardes houbara sont, en raison des chasses intensives et de la désertification, en voie de disparition ;
– on construit sans tenir compte des richesses agricoles, botaniques ou animales. Par exemple, on sacrifie une oliveraie ou une bonne terre agricole pour construire une école supérieure au lieu de l’ériger sur un terrain aride et stérile situé un peu plus loin !
– on pourrait aussi citer le triste cas de Hammamet, la célèbre station balnéaire, où des vergers entiers disparaissent au profit de mégacomplexes touristiques et de larges routes.
La création d’un parti écologiste en Tunisie est loin d’être un luxe ou un caprice. Ce serait, au contraire, une très bonne décision politique pour pérenniser le surnom de « Tunisie verdoyante ».
États-Unis : quelle vision du monde ?
Les peuples meurent faute de vision. Cette vérité éternelle, contenue même dans les Livres sacrés des religions révélées, est valable également pour la plus puissante nation du monde, une puissance sans équivalent dans l’histoire de l’humanité.
Au moment où la démocratie américaine, dominée par deux formations politiques dont la spécificité est d’être des partis d’élections (c’est-à-dire ne s’éveillant que pendant les grandes échéances), retient l’attention du monde entier, quelle est la vision nouvelle de l’Amérique ?
La question est d’importance, pour deux raisons. D’abord, parce que le contexte mondial a beaucoup changé depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001. Jamais le leadership des États-Unis n’a été aussi contesté. Jamais le leader du monde libre, appellation officieuse des présidents américains, n’a été aussi chahuté. La deuxième raison, c’est l’émergence de l’Europe, encore cacophonique certes, mais dont la volonté de puissance politique est sans ambages.
Réponse : La vision du monde qui est aujourd’hui celle des États-Unis est claire : il s’agit d’un monde assujetti à leurs désirs et à leurs intérêts. Les Américains continueront à régner en maître dans les années qui viennent. On ne peut qu’espérer qu’ils se choisiront des dirigeants plus sensibles aux aspirations des autres peuples de la planète.
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