Tunisie : Hédi Baccouche, artisan du coup d’État de Ben Ali, meurt à 90 ans
L’ancien Premier ministre de Ben Ali et artisan du coup d’État médical du 7 novembre, Hédi Baccouche, est décédé dans sa 90e année, dans son Sahel natal.
Ce destourien, profondément attaché à Bourguiba, avait intégré à l’âge de 13 ans dans les années 1940, les circuits du Néo-Destour, parti phare qui a mené la lutte de libération nationale. Avec une licence en histoire obtenue à la Sorbonne et un diplôme de Sciences-Po Paris, le militant du syndicat étudiant de l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) symbolise la nouvelle génération des bâtisseurs de la Tunisie moderne.
Successivement gouverneur, maire, patron de l’Office national des pêches, ambassadeur, député, directeur du parti, ministre, chef du gouvernement, il a évolué dans les arcanes du pouvoir et du Parti socialiste destourien (PSD), traversé des temps de disgrâce, notamment pour avoir œuvré à la politique collectiviste menée par le ministre des Finances et du Plan, Ahmed Ben Salah.
Il est revenu aux affaires dans le gouvernement Hédi Nouira (1970-1980) mais en restant un homme discret, à la fois admiratif et critique, du leader Habib Bourguiba. Il n’en sera pas moins le principal instigateur de la destitution du raïs et de la prise de pouvoir de Ben Ali en 1987.
Un retraité de la politique toujours sollicité
Il s’en explique longuement dans son ouvrage En toute franchise, paru en 2018 chez Sud Éditions, qui résonne aujourd’hui comme un témoignage d’un homme de son temps mais aussi un testament politique.
Devenu Premier ministre de Ben Ali, son compagnon de lycée, l’auteur de la déclaration du 7 novembre 1987 sera limogé moins de deux ans plus tard.
Membre de la Chambre des conseillers et du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de Ben Ali dissous au lendemain de la révolution de 2011, Hédi Baccouche se tenait depuis en retrait de la vie publique mais son avis était régulièrement sollicité par les nouveaux acteurs politiques.
Passionné d’information et toujours alerte, il suivait avec grand intérêt les évènements qui agitent la région et écoutait les différentes opinions, sans faire de commentaires. Il réservait les analyses approfondies à ses amis proches, dont Béchir Ben Yahmed, fondateur de Jeune Afrique.
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