« Notre objectif est d’ouvrir une brèche dans le système »
Président du conseil national d’Ettajdid, Mohamed Ali Halouani explique le sens de sa candidature.
Jeune Afrique/l’intelligent : pourquoi êtes-vous candidat à la présidentielle ?
Mohamed Ali Halouani : Nous voulons démontrer qu’une opposition crédible existe en Tunisie et qu’elle utilise tous les moyens à sa disposition, dans le cadre de la loi, pour faire entendre sa voix. Bien sûr, nous sommes convaincus que ce cadre légal reste très en deçà de ce qu’il devrait être dans une véritable démocratie pluraliste, mais nous estimons qu’il est encore possible d’exprimer un point de vue différent de celui du régime. Nous l’espérons, en tout cas.
J.A.I. : Quels sont vos atouts ?
M.A.H. : Lors de la précédente présidentielle, les candidats d’opposition s’étaient bien gardés de se présenter comme des adversaires du président Ben Ali. Les plates-formes de leurs partis ne se démarquaient pas clairement de celle du RCD au pouvoir. Au Parlement, leurs députés votent toutes les lois présentées par le gouvernement, après une discussion de pure forme. Certains, qui ne craignent pas le ridicule, se définissent comme une « opposition de soutien ». Résultat : les gens ont presque fini par intérioriser qu’ils ne vivent plus en république.
À travers l’« Initiative démocratique », nous souhaitons donner corps à une opposition réelle, qui discute, conteste et propose des solutions alternatives. Nous espérons que ma candidature constituera un déclic, qu’elle permettra de faire sauter un tabou.
J.A.I. : Certains partis de la gauche démocratique ont choisi de boycotter la consultation présidentielle…
M.A.H. : Les occasions de confrontation sont si peu nombreuses qu’il faut profiter de toutes celles qui se présentent. C’est le seul moyen de proposer une alternative concrète au pouvoir. À la limite, la mouqataâ (« boycottage », « rupture ») est un acte non politique. La moucharaka (« participation »), que nous préconisons, permettra d’amorcer une véritable lutte politique, ce dont notre pays a le plus urgent besoin.
Mais notre objectif n’est pas électoral. Nous ne nous faisons aucune illusion quant à l’issue du scrutin. Il est certain que le pouvoir ne renoncera pas facilement à ses vieilles pratiques, mais la période électorale peut permettre d’ouvrir une brèche dans ce système fermé. Et cette brèche, nous allons nous efforcer de l’exploiter au maximum. D’ailleurs, les choses commencent à bouger. Très sceptiques au départ, les forces démocratiques sortent peu à peu de leur léthargie et soutiennent notre « Initiative ».
J.A.I. : Quelle est votre stratégie pour les législatives ?
M.A.H. : Nous allons constituer des listes « démocratiques ». Les têtes de liste seront issues des rangs d’Ettajdid, mais les listes elles-mêmes comprendront de nombreux candidats indépendants parrainés par notre parti. Des comités régionaux ont été constitués un peu partout pour préparer le scrutin.
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