L’Unesco ouvre un nouveau front
Une décennie de troubles dans l’Est ont mis en péril un patrimoine écologique inestimable. L’ONU se mobilise pour sa défense.
La guerre qui a ravagé l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ne cesse de poser de nombreux problèmes humains, politiques et économiques. Mais qui s’intéresse aux conséquences écologiques ? L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) se mobilise – avec l’appui de la Fondation pour les Nations unies créée en 1990 par Ted Turner, fondateur de la chaîne câblée CNN – en faveur de la sauvegarde des sites de RDC : les parcs naturels des Virunga, de la Garamba, de Kahuzi-Biega, de la Salonga ainsi que la réserve de faune à okapis située dans la forêt de l’Ituri. Tous sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Leur écosystème, autrefois riche en animaux rares comme les singes bonobos, les gorilles ou encore les rhinocéros blancs, est considéré par les scientifiques comme un élément clé du « second poumon de la planète » après la forêt amazonienne. L’objectif de l’Unesco est humanitaire : la qualité de l’environnement et la biodiversité sont indispensables à la survie des hommes, car elles ont un impact déterminant sur la productivité de l’agriculture, la pérennité de l’élevage et la santé publique.
L’organisation onusienne a entamé en 2000 un programme de soutien de quatre ans, destiné à l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Ses agents, maintenus sur le terrain en dépit du conflit, ont été chargés de limiter, dans la mesure du possible, le braconnage et la pêche illégale. L’Unesco ne ménage pas non plus ses efforts sur le plan diplomatique pour sensibiliser les parties, gouvernements et mouvements rebelles, à l’importance de la préservation des parcs nationaux. L’évaluation faite au cours de 2004 a montré que cette stratégie est parvenue à maintenir une distance dite respiratoire entre la guerre et le capital écologique.
Celui-ci se présente non seulement sous la forme connue des richesses du sous-sol, minerais et matières premières non renouvelables, mais se compose aussi des plantes médicinales sauvages et du bois tropical.
Le processus de paix en cours ne signifie pas la fin des destructions dans l’est de la RDC. Il s’agit donc, aujourd’hui, de réunir des fonds pour la phase 2 du programme de l’Unesco, qui vise essentiellement à assurer le recrutement et les salaires des gardes, leur formation et leur équipement. Certains parcs ont également besoin de matériel particulier. Par exemple le parc de la Garamba, situé à l’extrême nord-est de la RDC, près de la frontière soudanaise, est l’ultime refuge des trente derniers rhinocéros blancs au monde. Des moyens aériens sont devenus indispensables pour suivre et protéger ces animaux contre les groupes armés qui se livrent à un braconnage effréné.
Il faut donc sensibiliser le public et collecter des fonds. Une grande exposition «Nature et culture en République démocratique du Congo » a lieu jusqu’au 26 septembre à Paris, à la Maison de l’Unesco. Elle présentera le strésors de ces sites, qui seront ensuite visibles à Tervuren (Belgique) du 23 octobre au 2 novembre 2005.
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