L’histoire se répète
Deux avril 1990, retenez cette date. Ce jour-là, Saddam Hussein prononçait un discours qu’il croyait seulement dissuasif dans lequel il annonçait que son pays avait désormais les moyens de « détruire la moitié d’Israël » si l’État hébreu tentait quoi que ce soit contre l’Irak: «Ceux qui nous menacent par la bombe atomique, nous les exterminerons par l’arme chimique car, comme les États-Unis et l’URSS, nous possédons désormais l’arme chimique binaire. »
Ne tenant aucun compte du fait que Saddam se plaçait dans l’hypothèse où son pays serait attaqué, les États-Unis et Israël le dénoncèrent comme « irresponsable », ne virent plus en lui que « l’homme qui veut détruire Israël et en a la capacité ». Et décidèrent dès ce moment-là de le faire partir.
Je me souviens m’être dit, en lisant sa déclaration : Saddam commet (en beaucoup plus grave) la même faute que Nasser lorsque ce dernier, en mai 1967, a interdit le golfe d’Aqaba aux bateaux israéliens et, simultanément, exigé le départdes forces de l’ONU qui s’interposaient dans le Sinaï entre les armées égyptienne et israélienne : c’était un casus belli et une invite aux Israéliens à envahir le Sinaï. Ils se lancèrent dans la guerre, occupèrent le Sinaï, la Cisjordanie, Gaza et le Golan. Ils y sont encore.
Par ignorance de sa psychologie et de sa dangerosité , deux dirigeants arabes ont, à vingt-trois ans d’intervalle, provoqué l’adversaire sans disposer des moyens réels de se protéger de lui.
Nasser a été détruit dès 1970, et Saddam a scellé son destin le 2 avril 1990: l’ayant manqué de peu en 1991, les États-Unis (et Israël) ne l’ont pas lâché et ont réussi à finir la besogne en 2003.
Je rappelle cet épisode d’histoire contemporaine pour attirer l’attention sur ce qui se passe en ce moment même entre Israël et les États-Unis d’une part, et l’Iran de l’autre,
car j’ai l’impression que l’histoire va se répéter.
Comme l’Irak de Saddam, l’Iran des ayatollahs est considéré par Tel-Aviv comme une menace mortelle et par Washington comme un pays hostile.
Doté de missiles pouvant atteindre Israël ce que ce dernier juge intolérable , l’Iran ne dispose pas (encore) d’engins nucléaires ni de vrais moyens de dissuasion. Il demeure donc très vulnérable.
Israël et les États-Unis sont déterminés à le maintenir dans cet état, par tous les moyens. Ils ne se posent que trois questions : Comment ? Quand ? Quelles conséquences aurons-nous à affronter ?
Cela étant, que font les dirigeants iraniens? Comme Saddam, en 1990: des déclarations qu’ils croient dissuasives et qui ne sont, en fait, que menaces que leurs adversaires jugeront inacceptables. Jugez-en et notez que ces déclarations datent toutes d’août dernier :
« Israël et les États-Unis n’oseront pas attaquer l’Iran, car ce pays peut frapper le territoire israélien avec la version la plus moderne de ses missiles. » (Yadollah Javani,
chef des gardiens de la Révolution, 15 août 2004).
« Qu’Israël tire un seul missile contre la centrale nucléaire (iranienne) de Bouchehir, et il peut oublier à jamais la centrale nucléaire de Dimona. » (Général Mohamed Baker Zolqadir, 18 août 2004).
« L’Iran procédera à des représailles si Israël attaque ses installations nucléaires. Nous avons la capacité de nous défendre, et cela empêche les autres d’agir contre nous. » (Kamal Kharazi, ministre des Affaires étrangères, le 24 août 2004).
Je vous laisse deviner ce qui va se passer dans les mois qui viennent, et que les Européens tentent de prévenir en ce moment même.
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