Les femmes du (vice-)président

Publié le 20 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Si l’on excepte ses filles et ses petites-filles, Dick Cheney n’a jamais eu qu’une femme dans sa vie : Lynn, son épouse depuis quarante ans. Ils se sont connus au collège de Casper, Wyoming, où M. Vincent, le père de la jeune femme, était shérif. En 1964, les tourtereaux se marient à Las Vegas. Monsieur se lance dans les affaires et la politique. Madame a des préoccupations plus éthérées : l’art, la littérature, l’histoire… Pour meubler le vide de ses journées, elle se met à « penser ». Et même à écrire des livres – cinq ou six au total – dans lesquels elle ânonne quelques solides convictions. Dans Telling the Truth (1995), elle s’en prend au philosophe français Michel Foucault, accusé de « menacer la survie même de la civilisation occidentale ». Parce qu’il soutenait que la vérité est façonnée par ceux qui détiennent le pouvoir. On est prié de ne pas rire.
De 1986 à 1993, Lynn Cheney préside la Fondation nationale pour les Humanités et publie sous son nom un rapport consacré à la « mémoire américaine ». Elle en profite pour dresser une liste noire des enseignants « non patriotes ». Jusqu’en février 2001, elle siège au conseil de direction de Lockheed Martin, le numéro un mondial de l’armement. Coïncidence ? Son mari fut secrétaire à la Défense de 1989 à 1992. Collaboratrice de l’American Enterprise Institute (AEI), un think-tank néoconservateur, elle n’hésite pas à condamner en termes virulents propagande ») une série télévisée, Les Africains, décrivant les conséquences de la colonisation. Et à apporter un soutien appuyé à un article de la revue Commentary dans lequel l’auteur regrette que le prix Pulitzer et le National Book Award, les deux principales distinctions littéraires américaines, soient parfois attribués à des écrivains noirs comme Alice Walker ou Toni Morrison, Prix Nobel de littérature 1993 (*).
Fort rétrograde en matière de moeurs, le couple Cheney a l’infortune d’avoir une fille lesbienne, très active dans la communauté gay du Colorado. Mary, c’est son prénom, est salariée de Coors Brewing Company, le célèbre fabricant de bière, qui eut longtemps la réputation d’être l’une des entreprises les plus rétrogrades des États-Unis. Les lobbies homosexuels ayant entrepris de boycotter ses produits, Coors s’est résolu à jouer la carte du « progressisme ». Ou à faire semblant. C’est dans le cadre de cette opération de marketing que Mary Cheney a été recrutée.
Elizabeth, la cadette, est en revanche une mère de famille sans histoire. En 2002, à l’instigation de son père, elle a intégré le département d’État, où elle dirige la Middle East Partnership Initiative, un groupe de réflexion qui joue un rôle important dans la définition de la politique de l’administration. En dépit de leurs différences, Mary et Liz soutiennent l’une et l’autre le ticket républicain pour la présidentielle.

* Voir Le Monde secret de Bush ; la religion, les affaires, les réseaux occultes, par Éric Laurent, Plon (2003).

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