La campagne de Gbagbo à Tunis

Publié le 20 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

La Banque africaine de développement (BAD) a fêté ses 40 ans à Tunis, où elle a temporairement relocalisé ses activités en 2003 en raison de l’insécurité en Côte d’Ivoire, qui abrite le siège de l’institution. Clou de la célébration de l’anniversaire : un symposium le 15 septembre, auquel ont assisté les présidents Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) et Olusegun Obasanjo (Nigeria), également président en exercice de l’Union africaine. On s’attendait à des discours de circonstance. Ce fut le cas avec Obasanjo.
Quant à Gbagbo, qui a passé quatre jours dans la capitale tunisienne, il a mené campagne pour le retour immédiat de la BAD à Abidjan. Il l’a défendu auprès des fonctionnaires ivoiriens de la Banque avant d’en faire le thème central de son intervention devant quelque 500 personnes, dont les anciens dirigeants de la BAD. Il a notamment rappelé qu’il s’était opposé à cette relocalisation mais, a-t-il ajouté, « quand la décision a été prise, le gouvernement ivoirien a donné toutes les facilités nécessaires au transfert ». À l’en croire, il n’y a plus d’insécurité en Côte d’Ivoire. « Aujourd’hui, je peux vous affirmer que les conditions sont réunies pour que la BAD continue ses activités à partir d’Abidjan », a-t-il lancé au milieu des applaudissements et des cris de joie d’une bonne partie des présents. « La guerre est derrière nous, et les Ivoiriens attendent le retour de la BAD à Abidjan et souhaitent qu’elle donne un contenu économique et social à la paix. »
Impair diplomatique ou campagne légitime ? En tout cas, l’offensive est commentée, et les avis sont partagés. « Gbagbo est pressé de récupérer la BAD », risque poliment un fonctionnaire de l’établissement. Tout le monde s’accorde généralement pour dire que cette question du retour devrait rester circonscrite aux instances de la BAD, qui est appelée à décider dans la sérénité. Le conseil des gouverneurs de la BAD – les ministres représentant les pays actionnaires – examine d’ailleurs la question tous les six mois et se fait assister par un bureau d’études spécialisé dans les affaires de sécurité. La centaine de fonctionnaires restés à Abidjan, notamment pour entretenir et garder les locaux, restent en relation permanente avec les autorités du pays hôte. Les dirigeants de la BAD maintiennent également un contact suivi avec la représentation des Nations unies à Abidjan ainsi qu’avec les ambassades et sont régulièrement informés de l’évolution de la situation sécuritaire du pays.
Décidée en février 2003 lors d’une réunion du conseil d’administration à Accra, la relocalisation de la BAD a permis le transfert en douceur d’un millier de fonctionnaires d’Abidjan à Tunis. Cette décision a été confirmée à Addis-Abeba (Éthiopie) en mai 2003 par l’assemblée annuelle des actionnaires, qui a fixé la durée du transfert à deux ans, pour stabiliser le personnel de la Banque et lui permettre de s’installer à Tunis dans les meilleures conditions. À chacune de leurs réunions, les gouverneurs font le point. Leur dernière rencontre à Kampala (Ouganda) en mai 2004 n’a pas jugé que les conditions étaient réunies pour un retour à Abidjan. Lorsque la sécurité et la sérénité propices au travail de la banque seront au rendez-vous, la décision sera prise et le retour se fera au bout d’une année. S’il était voté en 2005, le transfert ne se ferait qu’en 2006.

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