Agriculture : le Fida tire la sonnette d’alarme

Le président du Fonds international de développement agricole (Fida) est en colère : les pays africains ont échoué à consacrer 10% des dépenses publiques à l’agriculture, comme ils s’y étaient engagés en 2003. Et Kanayo Nwanze compte bien le rappeler aux chefs d’État du continent lors du 23e sommet de l’Union africaine, qui se tient à Malabo du 20 au 27 juin.

Kanayo F. Nwanze est le président du Fonds international de développement agricole. © Fida

Kanayo F. Nwanze est le président du Fonds international de développement agricole. © Fida

Publié le 27 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

Dans une lettre envoyée par le président du Fonds international de développement agricole (Fida) aux chefs d’État africains – et dont Jeune Afriquea obtenu une copie – Kanayo F. Nwanze écrit notamment : « Plus de dix ans ont passé depuis la déclaration de Maputo dans laquelle vous, leaders africains, vous êtes engagés à allouer au moins 10 % de votre budget national au développement agricole […]. Aujourd’hui, seuls sept pays ont respecté cet engagement. » Et le Nigérian d’asséner : « Arrêtez de promettre et faites-le maintenant. » Un message on ne peut plus clair…

Réactions

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Cette interpellation est une nouvelle manifestation de l’agacement de la société civile et des acteurs institutionnels africains face aux réticences des gouvernements africains à respecter les engagements pris à Maputo.

Dans une tribune publiée en avril, Winnie Byanyima, directrice générale d’Oxfam et Ibrahima Coulibaly, vice-président du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) exhortaient eux aussi les ministres de l’agriculture de l’Union africaine, réunis alors à Addis Abeba, à « renouveler, renforcer et respecter » ces engagements.

Agriculture-Maputo info

Données

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Selon les données compilées [PDF] par les chercheurs Samuel Benin et Bingxin Yu de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), entre 2013 et 2010, seuls treize pays africains ont au moins une fois consacré plus de 10 % des dépenses publiques annuelles à l’agriculture (voir le graphe ci-contre). Seuls sept pays franchissent régulièrement ce seuil, comme l’a rappelé Kanayo Nwanze, ce sont : le Burkina Faso, l’Ethiopie, la Guinée, le Malawi, le Mali, le Niger et le Sénégal. Aucun pays d’Afrique du Nord ne figure parmi ces « bons élèves ».

Si les dépenses publiques destinées au secteur agricole en Afrique ont en moyenne augmenté de 7,4 % chaque année entre 2003 et 2010, passant de 390 millions de dollars par pays en 2003 à 660 millions de dollars en 2010, cette croissance n’a pas entraîné d’augmentation de la part des finances publiques investies dans l’agriculture. En effet, sur la même période, les dépenses publiques ont, dans leur ensemble, crû en moyenne de 8,5 % par an passant de 10,1 milliards de dollars par pays en 2003 à 16,9 milliards en 2010.

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