Bienvenue au pays des frères ennemis

Publié le 20 septembre 2004 Lecture : 13 minutes.

Où va la Côte d’Ivoire ? Deux ans après le déclenchement de la crise, et à moins d’une semaine de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, qui fera le point, le 27 septembre, sur la mise en oeuvre des accords d’Accra III, la question brûle toutes les lèvres. La tension était montée d’un cran en juin, après l’attaque, le 6, d’un poste de gendarmerie tenu par les Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) à Gohitafla, dans le Centre-Ouest. Les « éléments incontrôlés » de la rébellion avaient ensuite été repoussés par les militaires français de l’opération Licorne. Cette provocation avait déclenché la colère des « Jeunes patriotes » de Charles Blé Goudé, proches du régime du président Gbagbo, qui s’en étaient pris aux intérêts français à Abidjan. Le remake « sauce Forces nouvelles » de la Nuit des longs couteaux, avec les sanglants massacres, à Bouaké et Korhogo, entre partisans d’Ibrahim Coulibaly, dit IB, et fidèles de Guillaume Soro, le chef politique des Forces nouvelles, dans la nuit du 20 au 21 juin avait laissé envisager un délitement de la rébellion et un basculement du Nord dans l’anarchie. Enfin, signe de la nervosité croissante des militaires de tous bords, le 25 juin, un soldat français était abattu à un barrage des Fanci, près de Yamoussoukro.
Les accords d’Accra III du 30 juillet ont changé la donne, et l’heure est aujourd’hui à l’apaisement. À Abidjan, les « Jeunes patriotes » ont pratiquement disparu des rues. Les ministres limogés en mai du gouvernement « de réconciliation nationale » ont été réintégrés, et Guillaume Soro passe maintenant plus de temps dans la capitale économique du pays que dans son fief de Bouaké. Les contacts entre les états-majors des deux camps, facilités par les forces françaises de l’opération Licorne et les 6 200 Casques bleus de l’Onuci, ont repris le 16 août, à Raviart (Centre). Ils avaient été interrompus en mars, après la sanglante répression d’une manifestation de l’opposition à Abidjan (au moins 120 morts, selon un rapport de l’ONU). « Entre militaires, les choses se passent très bien, confie un officier supérieur français. Les soldats ne vous l’avoueront pas, par fierté, mais la lassitude est forte dans les deux camps. Et ces gens se connaissent, car ils ont servi ensemble dans l’armée ivoirienne. Au plus fort des affrontements, certains continuaient même à se téléphoner pour prendre des nouvelles… »
Les anciens belligérants sont tombés d’accord sur la création d’une brigade mixte de gendarmerie à Bangolo, dans l’Ouest. Une première qui pourrait faire tache d’huile. Autre initiative, aussi symbolique que spectaculaire : le Challenge (sportif) de l’espoir. L’idée, portée par le lieutenant-colonel Monat de l’opération Licorne, est de promouvoir la réconciliation par le football. En faisant se rencontrer les équipes des forces françaises, de la police civile de l’ONU, des Fanci et des Forces nouvelles. Chérif Ousmane, chef de la compagnie Guépard et commandant de la zone de Bouaké, s’est piqué au jeu. Avant-centre et buteur de l’équipe des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), il n’a manqué aucune rencontre, et a coché en rouge la date du 21 septembre sur son agenda. Ce jour-là, les FAFN et les Fanci, qui ont survolé la compétition, se retrouveront à Yamoussoukro pour une explication au sommet.
C’est après le 15 octobre, date butoir fixée pour le début du processus DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion), que les véritables difficultés risquent de survenir. Ils sont quelques milliers à être concernés dans les rangs des Fanci, et plus d’une dizaine de milliers dans ceux des FAFN. La prime de réinsertion qui sera offerte en échange de la démobilisation sera conséquente : 500 000 F CFA (762 euros). Mais peut-on imaginer que les rebelles désarment s’ils n’obtiennent pas gain de cause sur le plan politique, avec, notamment, la réforme du fameux article 35 de la Constitution relatif aux conditions d’éligibilité à la présidentielle d’octobre 2005, et le vote des lois sur la nationalité et le foncier, prévus dans les accords de Marcoussis ? Qu’adviendra-t-il des combattants étrangers, originaires du Liberia ou du Burkina, et enrôlés dans la rébellion, qui constitueraient, d’après une source militaire française de haut rang, entre le tiers et la moitié des effectifs actuels des FAFN ?
Pour la population, éprouvée et paupérisée par le conflit, l’effet le plus visible de l’apaisement post-Accra a été le démantèlement des checkpoints militaires « excédentaires ». Ces barrages très sommaires – une herse et quelques parpaings disposés en travers de la route – ne sont plus désormais autorisés qu’à l’entrée et à la sortie de chaque ville, sur les principaux axes. Ils ont totalement disparu de la zone de confiance, cette bande démilitarisée où ni les Fanci ni les FAFN n’ont le droit de pénétrer.
Les passages aux checkpoints faisaient et font toujours le cauchemar des automobilistes : fouilles systématiques, palabres, vérification d’identité, et, le plus souvent, dîme prélevée « à la tête du client » par les miliciens pour « contribuer à l’effort de guerre ». Si, dans le reste du pays, les choses ont plutôt évolué dans le bon sens, à Abidjan, en revanche, le problème reste entier. Car les barrages y sont tenus par des policiers. Adama, un chauffeur de taxi malien, raconte : « Nous sommes une cible facile pour les corps habillés – les militaires, les policiers et les gendarmes. La plupart des « taxistes » sont nordistes ou étrangers, burkinabè ou maliens comme moi. On est obligés de payer les policiers. Les moins gourmands se contentent de 500 F CFA, mais certains peuvent nous demander jusqu’à 2 000 F CFA. C’est invivable ! »

Les taxis ont bien essayé de faire grève le mois dernier. Mais sans résultats. « Le racket a toujours existé en Côte d’Ivoire, confirme un expatrié français, il ne date pas de la guerre. Mais il a changé d’ampleur. Au Nord, à la rigueur, on peut comprendre : les FAFN ne sont pas payées du tout, alors, elles rançonnent pour manger, mais leurs chefs veillent à ce que cela reste « raisonnable ». Car ils savent que les gens, eux non plus, n’ont plus beaucoup d’argent. En revanche, ce qui se passe à Abidjan est scandaleux ! » La presse, notamment Fraternité Matin, le quotidien progouvernemental, s’est fait récemment l’écho des abus en tout genre des corps habillés. Le journal a raconté par le menu le calvaire des passagers de la ligne Abidjan-Yamoussoukro obligés d’emprunter les corridors de sécurité, qu’il a rebaptisés pour la circonstance « les corridors du vol organisé ». Ambiance…
Changement de décor, et cap au Sud-Ouest, à Tabou, dans le Bas-Sassandra, une région loyaliste. Les Français de Licorne travaillent main dans la main avec les Sénégalais de la compagnie du capitaine Coulibaly, basée sur zone depuis deux mois. Les deux armées organisent des patrouilles mixtes. Chaque halte est l’occasion de rencontrer les autorités villageoises, de discuter, s’informer, faire remonter le renseignement. La patrouille s’arrête à Diamadioké, un gros village de 3 600 habitants, dont près de 3 000 réfugiés libériens installés ici par la Croix-Rouge en 1990 en échange d’une généreuse aide humanitaire. La cohabitation entre les deux populations, cousines, n’a jamais posé problème. Au contraire, des terres ont été partagées, et l’afflux de main-d’oeuvre et de nourriture a permis l’essor de ce gros bourg. Le chef du village étant absent, c’est un des anciens qui fera office d’interlocuteur. Irika Néam Emmanuel, le « président des jeunes », se charge de la traduction en français des propos du vieux notable, qui comprend parfaitement les questions, mais préfère répondre en krou.
Installés sous un porche, protégés de la pluie, assis en demi-cercle autour d’une table, les sous-officiers français et sénégalais doivent d’abord sacrifier à la coutume. Aujourd’hui, ils échapperont aux noix de kola pimentées, trop longues à préparer – car les habitants n’étaient pas prévenus de la visite. Les Français, chrétiens, donc autorisés à boire de l’alcool, en seront quittes pour un verre de « Kingus », une eau-de-vie artisanale à base de canne à sucre. Les Sénégalais s’en tirent bien. Une fois ces préliminaires avalés, la discussion s’engage. Ici, les Français de « la Licorne » ont laissé de bons souvenirs. Déployés sur zone pendant l’offensive des rebelles du Mouvement populaire ivoirien du Grand-Ouest (Mpigo), en 2003, ils ont contribué, avec les Fanci, à stopper leur avancée.
« On entendait d’ici les coups de canon, raconte le « président des jeunes », très en verve. Nous avions sorti les machettes et les fusils, au cas où les pillards se seraient aventurés jusque-là, mais heureusement, nous n’avons pas eu à nous en servir. » Rodomontades. Une phrase après, il reconnaît : « En fait, on a eu très peur, on attend la paix, comme au temps d’Houphouët. Tant que les Français et les Sénégalais seront là, ça ira… Maintenant, pour 2005, c’est le suspense. On ne se fie pas trop aux journaux, car ils racontent souvent n’importe quoi. »
Économiquement, Diamadioké n’a pas vraiment été affecté par la crise. La situation est tout autre à Bouaké, la capitale de la zone Nord, majoritairement dioula mais située en plein pays baoulé. La ville, qui abrite l’état-major des FAFN du colonel Soumaïla Bakayoko, a beaucoup souffert et tourne au ralenti. Elle a perdu le tiers de ses 500 000 habitants. Son marché, qui était le plus important de la sous-région, commence pourtant à retrouver des couleurs. « Ça va un peu mieux, il y a davantage de commerçants, mais les gens passent sans acheter, se plaint un vendeur de téléphones portables. On veut la fin de la partition, le rétablissement de la liberté de circulation, car tout coûte trop cher avec les taxes des uns et des autres. Avant, les gens venaient de Yamoussoukro ou même d’Abidjan faire leur marché ici. »

la suite après cette publicité

Bouaké ne donne pas l’impression d’une ville en guerre. Les stigmates des durs combats d’octobre 2002 sont toujours visibles, mais la grande agglomération n’est ni Beyrouth ni Bunia. Les rues sont correctement entretenues. Chaque matin, une noria de balayeuses, reconnaissables à leurs chasubles orange, s’affairent pour nettoyer les rues. Elles sont payées 500 F CFA par jour par l’ONG américaine Care. Si les humanitaires sont là, l’État, en revanche, a presque disparu. Beaucoup de fonctionnaires ont fui la ville, quand ils n’en ont pas été chassés. Les services publics, sauf l’eau et l’électricité (que les gens ne paient pas), ont cessé de fonctionner. Le Centre hospitalo-universitaire est maintenant géré par Médecins sans frontières. L’université est toujours fermée, contrairement aux écoles, qui ont rouvert. Après plus d’un an d’interruption des cours.
« Avec une ONG, École pour tous, on a pu organiser des cours de rattrapage à partir du début 2003, explique Lacina Coulibaly, intendant du lycée moderne Belleville. Quelques enseignants et éducateurs étaient restés sur Bouaké, leur salaire continuait à être versé par le ministère. On a recruté des vacataires, pour les cours. Des étudiants, payés 30 000 F CFA par l’ONG et les contributions des parents d’élèves. Les diplômes ont été reconnus. Aujourd’hui, ça va un peu mieux. Le ministère a demandé aux titulaires réfugiés en zone loyaliste de rejoindre leur poste. Nous disposons actuellement de 46 titulaires, les deux tiers de notre effectif, et nous n’employons plus que 22 vacataires. Nous scolarisons 2 731 élèves, 80 % de notre effectif avant-guerre. On continue à demander un peu d’argent aux familles, pour les vacataires. Le gros point noir, ce sont les moyens. Nous n’avons plus rien, tout a été pillé. » Ponctuellement, les forces françaises donnent un coup de pouce, en offrant ici des ordinateurs pour l’administration, là des chaises, fabriquées par des artisans locaux, pour la salle des professeurs.
Le retour des enseignants continue à se heurter à des problèmes bien réels. « Les gens qui ont fui ont été traumatisés, raconte Koko N’Guessan, proviseur du lycée municipal Djibo-Sounkalo, le plus important de la ville – 3 725 élèves aujourd’hui, répartis sur une centaine de classes, contre 6 000 (sur 200 classes) avant les troubles. Certains n’ont pas confiance et ne veulent pas revenir tant que le pays n’aura pas été réunifié et l’administration réinstallée. Je peux comprendre, personnellement, je suis revenu la peur au ventre. Et puis, il faut trouver à se loger. Toutes les maisons ont été pillées. »
Certains logements sont devenus inutilisables, comme la maison de l’intendante du lycée, Mme Kouassi, « décoiffée » par les pillards : son toit en tôle a été arraché et découpé. Aujourd’hui, elle loge dans une chambre chez le proviseur, mais sa famille est restée en zone loyaliste. « Ça me coûte deux fois plus cher, explique cette belle femme d’une quarantaine d’années, car je dois aussi subvenir aux besoins de mes enfants. Cet éloignement est dur à gérer. »

Pour inciter les enseignants à retourner en zone Nord, le gouvernement a promis une prime de réinstallation, variant entre 400 000 et 500 000 F CFA, selon les catégories de personnel. « On attend toujours de voir la couleur de cet argent, souffle Lacina Coulibaly. Il devait être versé en avril… »
Même si la situation a connu quelques améliorations depuis l’an passé, les choses ne pourront redevenir « comme avant » tant que le problème des banques et celui de l’insécurité (les deux étant liés) n’auront pas été résolus. La succursale de la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) à Bouaké ainsi que toutes les banques installées dans le quartier éponyme ont subi les pillages. Elles ont toutes fermé. La réouverture n’est pas pour demain. Car si, de l’extérieur, les bâtiments ont encore de l’allure, à l’intérieur, tout a été fracassé, éventré. Et les conditions de sécurité ne sont pas réunies. Les combattants FAFN restent à l’affût. Ils se sont déjà plusieurs fois affrontés violemment pour se disputer le butin. Le dernier casse d’envergure, en septembre 2003, a contraint les militaires de Licorne à intervenir. Aujourd’hui, les Casques bleus du bataillon marocain ont pris le relais et montent la garde. Leur dispositif est impressionnant : véhicule blindé à l’entrée de chaque rue, soldats lourdement armés.
Les militaires ne doivent pénétrer sous aucun prétexte à l’intérieur des bâtiments. « Si on nous voyait rentrer, les gens croiraient qu’il reste quelque chose dans les coffres, et cela pourrait déclencher une attaque », explique un officier. Une rumeur colportée par un journal d’Abidjan, faisant état, début septembre, de combats autour de la succursale de la BCEAO a d’ailleurs provoqué un mouvement de foule aux abords du checkpoint marocain. Les habitants de Bouaké, en lisant les gros titres de la presse du jour, avaient cru à la véracité de l’information et s’étaient précipités pour prendre leur part du butin. En réalité, des coups de feu avaient bien été tirés quelques jours auparavant, autour du quartier interdit, mais c’était à l’occasion de la levée du corps du caporal-chef Coulibaly Kolo, décédé de mort naturelle le 30 août…

La fermeture des banques a largement participé à l’asphyxie de l’économie du Nord, l’accès au crédit devenant de facto impossible. Les opérateurs ne sont pas les seuls à en souffrir. L’absence de guichets va compliquer considérablement le processus d’échange des francs CFA usagés contre de nouvelles coupures, qui a commencé le 15 septembre et durera jusqu’au 31 décembre. Mais c’est pour les enseignants restés ou rentrés en zone Nord que l’absence de services bancaires est le plus pénalisante au quotidien. « Nos salaires sont versés directement sur des comptes, explique Zanifonhon Ouattara, éducateur au lycée Belleville. Pour toucher notre paie, nous devons nous rendre soit à Yamoussoukro, si nous disposons d’une carte de retrait, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, soit jusqu’à Abidjan. Il faut compter entre 6 000 et 12 000 F CFA. » Le voyage n’est pas sans risques. Arrêté le 30 septembre 2003 à un checkpoint des Fanci à M’Bahiakro, Ouattara, Ivoirien de naissance et de papiers, mais coupable de délit de patronyme, a été accusé de collaboration avec la rébellion. Il s’est fait tabasser et jeter en prison. Les coups ont provoqué un déplacement des cervicales : on a failli lui briser la nuque.
Les militaires, loyalistes et rebelles confondus, malgré leurs bavures, ne sont pas seuls responsables de la montée de l’insécurité. Bien au contraire. Le mal est profond, et il touche toutes les régions. À Bouaké, des coups de feu sont entendus chaque soir, et les exactions nocturnes sont devenues monnaie courante. On a encore récemment retrouvé les corps de deux malheureux, torturés à mort au chalumeau. Un règlement de comptes. L’explosion de la criminalité est aussi un problème sensible en zone de confiance. Les coupeurs de route sévissent. Comme dans la région de Raviart, où ils jouent au chat et à la souris avec les hommes du lieutenant Guy, chef d’un peloton de l’escadron blindé de Bouaké : « Ils seraient cinq, très dangereux. Sans doute d’anciens FAFN passés au grand banditisme. Pour les décourager, on multiplie les patrouilles, surtout les jours de marché. On travaille en étroite collaboration avec les Fanci du capitaine M’Bra. Mais ces coupeurs de route sont très mobiles et nous voient arriver. Ils ont toujours réussi à nous glisser entre les doigts. Au début, je pensais que ce phénomène était lié à la création de la zone de confiance. Je n’en suis plus aussi certain. Avec le début du processus de paix et la démobilisation, de plus en plus d’anciens combattants habitués à l’argent facile vont être tentés par la reconversion criminelle… »
C’est à San Pedro, deuxième port du pays, et dans ses alentours que la situation est le plus inquiétante. Et cette fois, la guerre n’y est pour rien. À cause du cacao, qui est acheté et revendu en espèces, de gros volumes d’argent liquide circulent et attirent la convoitise des malfrats, qui se réfugient ensuite dans l’inextricable bidonville du Bardo. Les braquages sont incessants, et visent surtout les camionneurs, obligés de se promener avec de grosses sommes parce qu’ils convoient le cacao. La police et les militaires semblent impuissants à juguler le phénomène de la montée de la criminalité. Un symptôme, parmi tant d’autres, révélateur de la crise du modèle ivoirien depuis la mort du Vieux…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires