Bernard Njonga

Fondateur de « La Voix du paysan », cet agronome camerounais milite contre les importations d’aliments douteux.

Publié le 20 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

A 49 ans, l’agronome Bernard Njonga, figure incontournable de la vie associative camerounaise, est sur le point de remporter l’une de ses plus belles victoires. Après cinq mois d’une intense campagne d’information menée dans tout le pays contre « l’importation massive et incontrôlée de poulets congelés », les consommateurs ont fini par se détourner de ce produit. Du coup, faute d’avoir convaincu le Dr Hamadjoda Adjoudji, ministre de l’Élevage, de prendre des mesures pour sauver la production nationale, les importations ont chuté d’elles-mêmes. Il était temps. Avec 22 154 tonnes de poulets congelés importés en 2003 (alors que le pays n’en faisait venir que 978 tonnes en 1996), c’est toute la filière avicole camerounaise qui était menacée de disparition.
Et Bernard Njonga ne compte pas en rester là. Avec le Service d’appui aux initiatives locales de développement (Saild), une organisation non gouvernementale qu’il a créée en 1988, et l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), qu’il préside depuis son lancement en octobre 2003, il compte obtenir des autorités l’interdiction pure et simple de ces importations. « D’une part, parce que les éleveurs camerounais sont parfaitement capables de satisfaire la demande intérieure et, d’autre part, parce que les services sanitaires chargés des contrôles de qualité sont notoirement défectueux. » Il en veut pour preuve le résultat des analyses effectuées par l’Institut Pasteur du Cameroun, qui a établi que sur 200 échantillons prélevés dans six villes du pays, 84 étaient « impropres à la consommation ». C’est d’ailleurs en raison de l’absence d’un dispositif de dépistage dans les pays de la sous-région que le Conseil des ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) a décidé, le 14 décembre 2000, de « maintenir les mesures interdisant les importations de produits carnés ». Une interdiction qu’à l’évidence le Cameroun n’a pas jugé bon d’appliquer.

Informer, débattre, alerter, mais aussi former les paysans à différentes techniques agricoles, voilà en quoi consiste le travail de Bernard Njonga, depuis qu’il a démissionné, en 1987, de l’Institut de recherche agronomique (IRA) pour créer le Saild et faire imprimer le premier numéro de La Voix du paysan. Dix-sept ans plus tard, ce mensuel d’information sur le monde rural est la lecture préférée des Camerounais. C’est ce que viennent de révéler deux enquêtes d’opinion réalisées en avril dernier sur l’ensemble du territoire national.
Quant à l’ACDIC, c’est déjà une référence. Un an seulement après sa création elle compte déjà 4 000 membres, et Bernard Njonga est convaincu qu’il y en aura 15 000 à la fin de l’année.

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