Au théâtre des vérités

Publié le 20 septembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Limoges, dans le centre de la France, accueille, du 28 septembre au 10 octobre, la 21e édition du théâtre des Francophonies en Limousin. Au menu : du théâtre, bien sûr, mais aussi des contes (Pourquoi ? Comment ? des frères Kouyaté du Burkina Faso), de la danse (Le Sacre du printemps, d’Igor Stravinksy, dans une chorégraphie de Heddy Maalem, avec la danseuse sénégalaise Simone Gomis, mais également du hip-hop avec les A’Corps, la compagnie Salama, les Flying Steps et Quality Street), du cirque (Entre chien et loup, des Français Bertrand Duval et Adell Nodé-Langlois), enfin de la musique (Les Funérailles de la reine Marie-Thérèse, par l’Ensemble baroque de Limoges, sans oublier, dans un tout autre genre, les Guinéens Ba Cissoko).

L’Afrique sera représentée par l’Algérie, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Maroc, la Guinée et Madagascar. Actualité oblige, la Côte d’Ivoire arrive avec deux spectacles douloureusement conçus dans un Abidjan hanté par la guerre civile. L’OEil du cyclone, de Luis Marquès, mis en scène par Vagba Obou de Sales, dépeint la rencontre entre une jeune avocate et un prisonnier. La Franco-Ivoirienne Eva Doumbia, pour sa part, transforme la Maison d’arrêt, du Britannique Edward Bond, en Cancer positif 2. En pleine déprime, un père tue sa fille. Le tout sur fond de rap, de flûte, de kora et de brouhaha de télé.
Après sa présentation à Dakar, en 2002, Ngoye, une Antigone d’Afrique, inspiré de Sophocle, arrive à Limoges dans une nouvelle version du metteur en scène français Gilles Laubert. Deux frères, Biram et Talla, se disputent le trône de Sangomar. Le combat s’achève avec la mort des deux hommes. L’un bénéficiera d’une sépulture, l’autre pas. Surgit alors leur soeur, Ngoye, pour enterrer le cadavre.
Le public sera invité également à suivre, en avant-première, les confidences de l’écrivain haïtien René Depestre dans Chronique d’un animal marin. Filmé par le français Patrick Cazals, le poète égrène les souvenirs de son île natale tout en évoquant ses combats politiques et littéraires avec Aimé Césaire, Pablo Neruda, Che Guevara, Éluard, Aragon… On y découvre un Depestre blessé par l’exil, mais toujours confiant en son peuple.

la suite après cette publicité

Limoges promet d’être un « moment privilégié de partage des émotions et des goûts », si l’on en croit le président du festival, Jean-Marie Borzeix. Il ne saurait en être autrement d’ailleurs, parce que la Francophonie se nourrit d’échanges d’oeuvres, d’idées, de cultures et d’accents autant maliens, canadiens, vietnamiens que chinois ou français. Le tout grâce à cette langue française que l’écrivain algérien Kateb Yacine (1929-1989) définissait comme un « butin de guerre ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires