Burundi : Évariste Ndayishimiye désigné candidat à la présidentielle par le CNDD-FDD
Le parti au pouvoir au Burundi (CNDD-FDD) a désigné dimanche le général Évariste Ndayishimiye pour porter ses couleurs à la présidentielle du 20 mai et tenter de succéder au président sortant Pierre Nkurunziza dont il est proche.
« Gen. Évariste Ndayishimiye choisi pour représenter le CNDD-FDD lors de la Présidentielle de 2020 », a annoncé le parti sur son compte officiel Twitter.
Il a été choisi lors d’un congrès extraordinaire du CNDD-FDD organisé dimanche à Gitega, la nouvelle capitale administrative du pays, en présence de l’actuel président, Pierre Nkurunziza.
Au pouvoir depuis 2005, il avait pris tout le monde de court lorsqu’il avait annoncé en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution qu’il venait de faire modifier par référendum le lui permettait.
Ces derniers jours, le nom du général Ndayishimiye faisait partie des favoris à la succession de Pierre Nkurunziza. Le nom du président de l’Assemblée nationale Pascal Nyabenda était aussi régulièrement cité.
À 52 ans, Évariste Ndayishimiye est l’un des hommes clés du système qui dirige aujourd’hui le pays. Ancien ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, chef de cabinet militaire et civil du président, le général Ndayishimiye comptait parmi les principaux chefs militaires du CNDD-FDD à la signature de l’accord de cessez-le-feu en 2003 qui mit un terme à la guerre civile au Burundi (au moins 300 000 morts entre 1996 et 2003).
Le parti a prévu d’importantes manifestations dans l’après-midi pour célébrer l’annonce de son nouveau champion.
Scènes d’allégresse en @MairieBuja aussi pour célébrer le bon choix des congressistes à @Gitega qui ont désigné @e_ndayishimiye pour qu’il soit leur Candidat à la Présidentielle de mai 2020 au #Burundi.#Tsinda2020 pic.twitter.com/6tE8IyIRm8
— CNDD-FDD (@CnddFdd) January 26, 2020
Parachute doré
Samedi, le président sortant avait souligné la portée historique pour le pays du congrès de dimanche, précédé d’ailleurs de « Trois jours de prières » organisées par le parti.
« Ce congrès est un événement exceptionnel qui va marquer le début d’une nouvelle page dans l’histoire du Burundi et du parti CNDD-FDD », avait ainsi déclaré PierreNkurunziza, réaffirmant au passage sa volonté de ne pas se représenter « malgré ceux qui me le demandent ».
« Tout ce qui va se passer dimanche, c’est le plan de Dieu. L’Éternel a déjà opéré son choix », avait ajouté Pierre Nkurunziza, chrétien évangélique doublé d’un amoureux du ballon rond.
Ces dernières années, il se déplaçait rarement sans sa propre équipe de football et sa chorale, jouant avec des équipes locales et organisant des prières à la faveur de l’inauguration d’une école (il en a fait construire quelque 5 000) ou d’un stade omnisports.
La prière interconfessionnelle d’action de grâce organisée par le Parti @CnddFdd à @Gitega du 23 au 25 janvier, sur base du texte Biblique d’Exode 14:13-20 est rehaussée par plusieurs Hautes Autorités en commençant par le Chef de l’Etat, SE @pnkurunziza #Burundi#Isezerano pic.twitter.com/rO8QVGCbbB
— CNDD-FDD (@CnddFdd) January 23, 2020
On ignore encore si le chef de l’État sortant se retirera du débat public ou s’il gardera une influence sur les affaires du pays. Quoi qu’il en soit, son confort matériel est assuré par un projet de loi récemment adopté.
Outre une villa « de très haut standing » qui doit être construite dans une localité de son choix d’ici cinq ans, Pierre Nkurunziza devrait recevoir une allocation de près de 500 000 euros. Un salaire à vie lui est aussi garanti.
Le président sortant laisse derrière lui un pays fracturé par une crise politique marquées par de nombreux cas d’assassinats ciblés, de torture et autres graves violations des droits de l’homme documentées dans de nombreux rapports de l’ONU ou d’organisations des droits humains. Des accusations systématiquement rejetées par le régime.
De nombreux activistes des droits de l’homme et journalistes burundais vivent actuellement en exil.
La crise a aussi durement affecté l’économie qui en 2018 affichait 1,6% de croissance contre 0,5 % en 2017, après deux années consécutives de récession en 2015 (-3,9 %) et 2016 (-0,6 %), selon la Banque mondiale.
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