Syrie : un congrès pour rien

Publié le 20 juin 2005 Lecture : 1 minute.

Admettons que le président Bachar al-Assad veuille vraiment changer les choses en Syrie. Le problème est que les centaines de baasistes qui se partagent le pouvoir n’ont aucune intention de renoncer aux privilèges qui leur ont permis de s’enrichir – alors que, dans le même temps, leur pays s’appauvrissait. Or Assad n’a pas jusqu’ici montré beaucoup de détermination à mettre au pas les apparatchiks baasistes et les chefs des services de renseignements. Personne n’a été privé de sa Mercedes.

À Damas, j’ai vainement essayé d’assister au congrès du Baas. Quand j’ai dit au chauffeur de taxi qui m’avait conduit au centre de conférences que j’étais américain, il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit dans un anglais approximatif : « Les dirigeants du parti sont pourris, ils ne pensent qu’à s’en mettre plein les poches. » C’était un ancien militaire qui avait servi au Liban. Il m’a dit qu’il aimait bien Assad, mais que, « comme tous les Syriens », il détestait les gens du Baas. J’ai entendu ce genre de propos toute la semaine. C’est une société étonnamment ouverte pour un État policier. Dans les maisons, les cafés et les bureaux, les discussions politiques vont bon train. La population souhaite ardemment le changement, mais redoute les troubles qui pourraient l’accompagner. C’est pourquoi un soulèvement contre le régime est improbable.
J’ai rendu visite à l’un des partisans des réformes. Il n’accorde aucune importance au congrès du parti Baas. « Assad n’est pas un réformateur, affirme-t-il. S’il avait voulu changer les choses, il aurait pu le faire depuis longtemps. » Le problème est que, pour l’instant, « il n’y a pas de véritable opposition ». Et qu’« une majorité de Syriens croient encore en Assad ». C’est un peu le sentiment qu’on avait à Moscou, il y a vingt ans : l’ancien régime ne peut pas durer, mais il ne peut pas non plus changer.

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