À quand la tolérance zéro partout sur le continent ?

Publié le 20 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

Des limogeages de ministres ou autres responsables politiques mêlés à des affaires troubles, le continent en a déjà connu. Ce qui fait la singularité de celui de Jacob Zuma, c’est qu’il ne répond pas à un règlement de comptes politiques. Loin s’en faut. Jamais un successeur déclaré à la présidence et soutenu par le parti majoritaire n’a été remercié de cette manière. Contrairement à ce qui se passe en Amérique latine, où un président peut être forcé à la démission pour cause de malversations financières.
Pourtant, depuis quelques années, la lutte contre la corruption fait son chemin. Les bonnes relations avec l’Europe, les États-Unis et les institutions de Bretton Woods en dépendent, les investissements étrangers également, qui se font attendre essentiellement en raison de la mauvaise image du continent. Progressivement, les dirigeants se rendent à l’évidence et prennent les mesures nécessaires. Au Nigeria, « les efforts sont plus que symboliques », reconnaît Transparency International. Le cadre juridique qui permet de poursuivre les fautifs est en place, et le président Olusegun Obasanjo a tenu à y consacrer des moyens financiers substantiels. Au début de l’année, le ministre du Logement a été limogé pour fraude. Un signal envoyé à la communauté internationale qui commençait à douter de la volonté réelle du président en exercice de l’Union africaine de lutter contre la corruption, gangrène de son pays. Son homologue kényan, Mwai Kibaki, s’est fait élire sur son programme de lutte contre la corruption. Deux ans plus tard, les Kényans lui reprochent les maigres résultats obtenus, les États-Unis et la Grande-Bretagne allant même jusqu’à taper du poing sur la table en suspendant les aides et en dénonçant nommément les moutons noirs. Son conseiller spécial chargé de la bonne gouvernance, Jean Githongo, a estimé n’avoir pas les moyens de mettre en oeuvre son programme et a démissionné avec fracas, au début de l’année, en février 2005. En Zambie, le procès de l’ancien président de la République, Frederik Chiluba, traîne en longueur. Mais d’une manière générale, depuis l’adoption de la Convention de l’Union africaine pour la prévention et la lutte contre la corruption, les gouvernants affichent leur volonté de faire bouger les choses. Mais seulement huit pays l’ont ratifiée, et il manque encore à la liste les quatre promoteurs du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
La tolérance zéro dans la lutte contre les pots-de-vin varie également d’une région à l’autre de l’Afrique. « Il faut avouer que les francophones sont généralement en retard et qu’il leur reste beaucoup de choses à faire dans ce domaine », reconnaît-on à Transparency, où l’on rappelle l’importance du rôle de la société civile dans la lutte pour la bonne gouvernance. L’Afrique du Sud en donne aujourd’hui une éclatante illustration.

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