Le roi est nu

Publié le 20 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

« Grosse claque », « très petite forme », « dévissage », « effondrement »… : les qualificatifs manquent, ces temps-ci, aux politologues français pour commenter la chute dans les sondages du président Jacques Chirac. Les enquêtes d’opinion réalisées depuis la victoire du « non » au référendum sur la Constitution européenne traduisent, il est vrai, un taux d’impopularité jamais vu dans l’histoire de la Ve République. Valéry Giscard d’Estaing n’était jamais descendu en dessous des 60 % de mécontents. François Mitterrand avait flirté, en 1993, avec la barre des 70 %. Chirac, lui, récolte en ce mois de juin 2005 entre 72 % à 76 % d’avis négatifs ! Le plus inquiétant sans doute pour le président français est qu’au sein de son propre parti – mais lui appartient-il encore ? -, l’UMP, un sympathisant sur deux ne lui fait plus confiance. La bérézina n’est pas loin.
Les vingt et un mois qui le séparent de la présidentielle de 2007 doivent-ils d’ores et déjà se lire comme la chronique d’une déroute annoncée ? À première vue, et sauf miracle sur le front de la lutte contre le chômage, Jacques Chirac semble installé dans l’impopularité jusqu’à la fin de son mandat. Même si les Français continuent de lui accorder un large crédit sur le plan international – les trois quarts des sondés trouvent qu’il défend bien les intérêts de la France à l’étranger -, ce bon point ne rejaillit pas sur sa mauvaise image interne : le transfert ne se fait plus, et le bénéfice récolté semble nul. Pourtant, ce n’est sans doute que de l’extérieur que peut provenir la planche de salut pour Jacques Chirac. Qu’un événement grave ressoude le pays autour de son chef et le capital de sympathie dormante qui lui avait valu de surfer sur 60 % d’opinions favorables pendant la guerre en Irak ressurgira peut-être. Si, entre lui et les Français, le déficit de crédibilité est profond, il n’y a pas, il est vrai, de cassure affective irréparable. Chirac n’aura dès lors fait que payer, par des sondages momentanément désastreux, sa trop grande implication personnelle dans la campagne référendaire. Un scénario idéal, le mieux en tout cas qu’il puisse espérer, mais totalement indépendant, on l’aura compris, de sa volonté et soumis à un non-dit qui est pour les Français une quasi-évidence : tout le monde a compris – ou croit avoir compris – que Jacques Chirac ne se représentera pas en 2007.

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