Exemplaire Afrique du Sud !

Publié le 20 juin 2005 Lecture : 2 minutes.

En décidant de remercier son vice-président Jacob Zuma, impliqué dans une affaire de corruption, le président sud-africain Thabo Mbeki a fait passer la morale avant la politique. Son courage force l’estime. Cette décision était difficile à prendre, et elle n’est pas sans risques. Mais c’était la bonne, aussi bien pour l’Afrique du Sud que pour tout le continent.

Qu’un homme politique expérimenté perde son poste et risque de se retrouver devant un tribunal pour répondre d’actes de corruption est quasiment sans précédent en Afrique. Au moment où les pays riches exigent à juste titre des États du continent qu’ils fassent des progrès en matière de bonne gouvernance, Mbeki a prouvé qu’ils sont capables de jouer le jeu. Ce faisant, il a donné de la crédibilité au Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (Nepad) et renforcé le leadership de la République sud-africaine sur le continent.

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Cette décision revêt aussi une grande importance pour l’Afrique du Sud elle-même qui, comme le président Mbeki l’a déclaré lors d’une session extraordinaire du Parlement, est encore une « jeune démocratie ». C’est à Thabo Mbeki qu’il est revenu de prouver que personne n’est au-dessus des lois et que le respect de la morale et de la légalité s’impose à tous, y compris aux plus hauts responsables. En agissant ainsi, Mbeki a créé un précédent, susceptible de s’appliquer en d’autres circonstances.
Mais cette décision a un prix. Zuma passait jusque-là pour le successeur probable de Mbeki. Affable, extraverti, sachant parler aux gens, il est tout le contraire de l’actuel président. Il est soutenu par le mouvement syndical et par sa communauté zouloue. S’il le voulait, il pourrait rassembler autour de sa personne tous ceux que la politique économique rigoureuse de Mbeki mécontente.

Pour limiter ce risque, le président devra agir vite. Pour ne pas s’aliéner le soutien de Zuma, il lui faudra répéter haut et fort que son ex-vice-président est innocent tant que sa culpabilité n’a pas été prouvée et qu’il pourra retrouver son poste s’il est blanchi. Zuma a droit à un procès, et dans les plus brefs délais.

En attendant, Mbeki est confronté au choix difficile de lui trouver un successeur. Le mieux placé pourrait être le très populaire ministre des Finances Trevor Manuel, qui dément nourrir des ambitions présidentielles, notamment parce qu’il n’est pas noir. Mais Mbeki pourrait aussi opter pour Mosiuoa Lekota, le ministre de la Défense et président du Congrès national africain (ANC). Autre possibilité : Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des Affaires étrangères et ex-épouse de Jacob Zuma, qui bénéficie du soutien populaire et d’une stature régionale, même si sa politique de lutte contre le sida et celle qu’elle mène à l’égard du Zimbabwe n’ont donné que de maigres résultats.

Une fois le remaniement ministériel achevé, Mbeki devra se choisir un successeur et le préparer à sa future tâche. Le jeu des devinettes a assez duré. Le danger serait qu’il choisisse un pantin, en espérant continuer à tirer les ficelles après son départ. Mais ce n’est pas le problème de l’heure. Aujourd’hui, on doit saluer en Thabo Mbeki un homme d’État et un démocrate.

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