Djibouti : le Forum BIE 2030 annonce la création d’une agence de coopération dédiée à l’éducation

Lutter contre les inégalités au sens large dans l’éducation des enfants des pays émergents : telle est l’ambition qui a poussé les 300 membres du Forum BIE 2030, réuni à Djibouti mercredi 29 janvier, à créer une agence de coopération.

Le Forum BIE 2030, à Djibouti

Le Forum BIE 2030, à Djibouti

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 30 janvier 2020 Lecture : 3 minutes.

Une agence de coopération éducative d’un budget de 25 millions de dollars sera créée, a décidé le 29 janvier à Djibouti le troisième Sommet international pour une éducation inclusive et équilibrée (Forum BIE 2030), avec 300 participants de pays émergents.

Si on ne connaît pas encore le nom du pays qui hébergera son siège, on sait en revanche que l’agence sera créée à l’initiative de l’Education Relief Foundation (ERF), une ONG enregistrée en Suisse et fondée il y a trois ans par Cheikh Mansour Bin Musallam. Mais elle en sera totalement indépendante, selon ce dernier.

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Les fonds devraient dans un premier temps provenir en grande partie de la fortune personnelle de ce jeune prince d’origine saoudienne, qui rappelle à Jeune Afrique avoir travaillé auparavant dans le secteur hôtelier (sa famille détient par exemple le palace parisien Prince-de-Galles), avant d’être alimentés par des contributions des États membres.

Dans son initiative, Cheikh Mansour Bin Musallam a reçu cette semaine l’appui de plusieurs chefs d’État, à l’instar du Djiboutien Ismail Omar Guelleh. Celui-ci avait baptisé lundi le forum en compagnie de son homologue comorien Azali Assoumani, des Premiers ministres togolais Komi Sélom Klassou, ougandais Ruhakana Ruganda, nigérien Brigi Rafini ainsi que du vice-Premier ministre somalien, tous invités à plancher sur le thème d’une « éducation inclusive et équilibrée ».

Lutter contre les inégalités dès l’étape de l’école

Si le concept a l’air abstrait, il désigne en fait la prise en compte des inégalités (économiques, géographiques, ethniques, technologiques, de genre et de handicap) dans l’accès à l’école, tout en se défaisant de schémas de pensée et d’enseignement hérités de la période coloniale, et qui ne correspondraient pas aux réalités locales des pays du Sud.

« Dans certains pays, l’allocation par le gouvernement de ressources humaines et financières dépend par exemple trop souvent de critères d’appartenance ethnique ou politique. Avec la révolution numérique, l’intelligence artificielle va accroître ces inégalités, en jetant l’homme en dehors du circuit de production et donc du système éducatif », estime Martin Ogoussan, directeur de la coopération technique et universitaire au ministère béninois de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

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Pour pallier ces inégalités, le Togo a ainsi instauré la gratuité de l’école depuis 2008, car trop de parents rechignaient à y envoyer leurs filles. « Aujourd’hui, les résultats sont palpables puisqu’il y a plus de filles que de garçons en maternelle, autant au primaire. Mais un déficit de filles à partir du secondaire », indique le Premier ministre togolais qui énumère les mesures prises par son pays comme la création de cantines scolaires pour faire venir les enfants des zones les plus défavorisées ou l’instauration depuis 2017 d’une couverture médicale d’État pour les élèves.

La Suisse dépense 10 000 dollars par an pour chaque enfant quand Djibouti ne débourse que 250 dollars

« S’il y avait 120 millions d’enfants en dehors du système scolaire en 2010 dans le monde, il n’y en a plus que 60 millions aujourd’hui, mais le chiffre stagne depuis 2015 », s’inquiète Abdeljalil Akkari, directeur du département des sciences de l’éducation à l’Université de Genève. Et de souligner que les financements nationaux et internationaux des systèmes éducatifs dans les pays africains sont faibles et inefficaces. « La Suisse dépense 10 000 dollars par an pour chaque enfant quand Djibouti ne débourse que 250 dollars. C’est le prix de notre chambre d’hôtel ! L’Afrique reçoit 1,4 milliard de dollars par an des pays de l’OCDE, c’est le prix de trois Airbus A380 ! ».

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Si les défis restent immenses, il reviendra à la nouvelle agence, après avoir obtenu le feu vert politique cette semaine des États, de mettre en place les mécanismes financiers pour les assister concrètement.

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