[Chronique] Margaret Court, la « tatie cinglée » pro-apartheid fait polémique à l’Open d’Australie
Deux icônes du tennis mondial, Martina Navrátilová et John McEnroe, dénoncent des propos sur l’apartheid proférés par Margaret Court, leur consœur aujourd’hui célébrée en Australie.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 31 janvier 2020 Lecture : 2 minutes.
Quel lien peut-il y avoir entre la mémoire des funestes années d’apartheid sud-africaines et le tournoi australien d’une discipline sportive réputée peu populaire en Afrique ? Trois champions historiques de tennis se sont chargés de tisser ce lien à l’occasion de l’Open d’Australie…
La première de ces sommités du sport à raquette est l’Australienne Margaret Court, détentrice du record du nombre de titres en Grand Chelem, actuellement en pleine célébration des 50 ans de son Grand Chelem calendaire – la victoire, la même année, de l’Open d’Australie, des Internationaux de France, du tournoi de Wimbledon et de l’US Open. La réputation de cette prédicatrice pentecôtiste de 77 ans comporte un versant raciste et homophobe notamment alimenté par son goût pour l’apartheid sud-africain qu’elle jugea « adorable », le qualifiant de « système racial le plus organisé du monde ».
Les deux autres gloires du tennis qui établissent un lien entre l’histoire politique sud-africaine et l’actualité sportive australienne sont l’Américano-tchèque Martina Navrátilová et l’Américain John McEnroe. Présents au tournoi océanien, les deux anciens champions militent pour que la « Margaret Court Arena », l’un des terrains du Melbourne Park, soit rebaptisée.
Prise de parole boycottée
Ce mardi, Navrátilová publiait une lettre ouverte demandant ce changement de nom du deuxième court le plus important de l’Open d’Australie. À l’issue d’un double mixte seniors auquel participait également McEnroe, l’ancienne championne monta sur la chaise du juge-arbitre pour faire une déclaration, boycottée en direct par les chaînes de télévision alors en pleine retransmission.
Prévoyants, les deux contestataires du jour brandirent une pancarte qui signalait le nom qu’ils souhaitaient voir attribué au court controversé : «Evonne Goolagong Arena», en hommage à la première Aborigène à avoir remporté un tournoi majeur. Et John McEnroe, réputé impulsif, bagarreur et bavard, de relayer la cause dans des chroniques qui lui sont réservées sur plusieurs canaux médiatiques, traitant notamment Margaret Court de « tatie cinglée ».
Après ce happening remarqué dans un événement sportif d’envergure, voilà donc un sport traditionnellement feutré obligé de se poser la question que suscitent les artistes sujets à caution : faut-il distinguer la création du créateur ? Pour peu que l’on reconnaisse tout de même la valeur d’une carrière, faut-il pour autant susciter la glorification publique des infréquentables ?
Si les statistiques permettront à Margaret Court de conserver un palmarès plus objectif qu’un trophée cinématographique ou un prix littéraire, les autorités australiennes compétentes pourraient s’abstenir d’associer son nom à un espace dédié au fair-play. Et McEnroe continuera d’alimenter sa légende colérique, dans la lignée des sportifs aux poings levés.
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