Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 22 mars 2006 Lecture : 7 minutes.

Jeune Afrique francophobe ?
J’apprécie Jeune Afrique pour sa variété. Vous jugez votre information impartiale, ce qui me semble compréhensible. Or je vous soupçonne de ne pas l’être tout à fait. Il se dégage de la lecture suivie de votre magazine une « francophobie » latente qui me semble voulue et que j’estime dommageable. Voici un exemple :
– Une critique acerbe (peut-être en partie méritée) du livre de Pierre Péan tendant à disculper la France dans la tragédie rwandaise ;
– L’interview « complaisante » du président actuel du Rwanda, qui semble avoir des responsabilités importantes dans cette tragédie ;
– L’absence de toute critique (à moins que cela ne m’ait échappé) du livre de Abdul Ruzibiza, Rwanda. L’Histoire secrète, qui accuse Paul Kagamé.
Je comprends que vous puissiez « ménager » les gens au pouvoir en Afrique pour avoir la possibilité d’y être lu. Mais cela ne vous oblige pas à prendre systématiquement le contre-pied dès qu’il s’agit de relations franco-africaines. Je présume que ce pays a fait des choses détestables en Afrique. Mais n’a-t-il fait que cela ?
Jesuvino Caseiro, Labécède-Lauragais, France
Réponse : Ce n’est évidemment pas parce que le livre de Pierre Péan tend, comme vous le dites, à « disculper la France dans la tragédie rwandaise » que nous l’avons critiqué. Ce n’est pas cette conclusion qui, en effet, pose problème en soi, mais les arguments utilisés par l’auteur pour y parvenir. Dans le cadre de ce même article, le témoignage d’Abdul Ruzibiza – qui est l’une des sources de Péan – a été cité et ses références données. Enfin, le fait que Paul Kagamé réponde dans le cadre d’une interview aux accusations qui sont formulées à son encontre n’a rien à voir avec une quelconque « francophobie » complaisante – et tout à voir avec l’information. F.S.

On se trompe sur l’islam
L’islam n’est pas synonyme d’intolérance et de négation des droits de l’homme comme le croit une certaine opinion. Bien au contraire, il a su cultiver la tolérance à travers l’histoire, et le principe de la liberté d’autrui est reconnu par le Coran.
Concernant le premier aspect, nous avons des exemples édifiants. L’illustration la plus pertinente est l’existence de minorités religieuses, chrétiennes et juives, dans les États à dominance musulmane à toutes les époques historiques, du califat aux États modernes. Non seulement elles sont tolérées, mais elles se sentent vraiment chez elles dans ces États.
Pour le second aspect, le Coran est explicite : le verset 8 de la sourate 60 recommande aux fidèles d’être équitables et bons envers les non-musulmans, s’ils ne montrent pas une hostilité manifeste. Peut-on en dire autant des autres religions ?
Abdoulaye Saleh Lamine, N’Djamena, Tchad

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La polygamie, c’est l’esclavage !
Dans un entretien publié dans J.A. n° 2344, Axel Kahn dit être contre la polygamie. J’en suis ravie. Je suis cependant étonnée qu’il appelle ce phénomène « culture ». Cela me fait penser aux travailleurs sociaux que j’ai côtoyés dans les années 1980 et qui, à propos de l’excision, parlaient aussi de « culture ». Nous étions alors quelques-unes à répondre : torture, mutilation, crime…
Par ailleurs, la répudiation transforme la femme en objet à user et abuser jusqu’à ce que, hors d’usage, elle soit jetable sans autre forme de procès. Aucune grande organisation de lutte pour les droits de l’homme ne s’empare de la question sur le plan international… Je souhaite qu’un jour la polygamie et la répudiation soient assimilées à de l’esclavage. Ainsi les femmes seront-elles symboliquement et fondamentalement les égales des hommes.
Danielle Delorme, Gennevilliers, France

Antiarabe = antisémite
Les apprentis-sorciers danois qui ont conçu et publié les fameuses caricatures n’ont pas soupçonné un seul instant que l’affaire déborderait de leurs frontières et provoquerait un raz-de-marée, sinon ils se seraient abstenus, j’en suis certain. Ils ont donné l’occasion aux agités, à travers le monde, d’organiser des manifestations monstres, souvent incontrôlées, pour régler des comptes internes ou avec l’étranger.
Les croyants sont convaincus que ni les blasphèmes ni les caricatures de mauvais goût ne peuvent atteindre Dieu. Si notre Prophète était parmi nous, il désavouerait les uns et les autres, ceux qui ont publié et ceux qui ont manifesté.
Je voudrais dire à mes coreligionnaires de se rappeler qu’un Arabe est aussi sémite qu’un Juif. Les Arabes doivent revendiquer leur sémitisme avec la même intensité que leur arabité et songer sérieusement à s’approprier la notion d’antisémitisme. Ils doivent faire en sorte que tout acte antiarabe soit un acte antisémite, ils verront le monde autrement.
Jamel Ben Salah, Le Kram, Tunisie

Il ne faut pas faire le lit des religions
Accepter l’extrémisme d’une religion nous condamne à l’accepter pour toutes les religions. Céder devant la loi du plus fort est un acte de lâcheté contre-productif. Il ne peut que miner la démocratie. De nombreux chrétiens et juifs utilisent l’affaire des caricatures comme un cheval de Troie pour réintroduire la notion de blasphème d’abord dans l’enceinte sociétale, puis au niveau juridique.
Que faire ? Expliquer que cette attitude de rejet mène les musulmans à leur perte. Certes, les Arabes sont opprimés en Irak et en Palestine, mais l’attitude « compréhensive » pour leurs réactions n’est pas une solution. Tout comme le respect mutuel des interdits religieux, inapplicable. À chacune de vos actions, vous offensez des croyants. Quand vous mangez de la viande, vous offensez les bouddhistes. Quand vous subissez une transfusion sanguine, c’est au tour des témoins de Jéhovah et des mnémonites. Comment vivre dans un monde reposant sur ce principe ?
J’espère que les esprits se calmeront. Mais, s’il vous plaît, n’en tirez pas comme leçon qu’il faut censurer les caricatures sur les rois mages ! Celle que vous avez publiée était très drôle !
Philippe Gacon, Lyon, France

Retour à la raison
Comme beaucoup de vos lecteurs, j’ai été agréablement surpris d’apprendre le retour de… Jeune Afrique ! Vous avez donc retrouvé votre raison. Raison dans le sens que Jeune Afrique est avant tout un journal africain. On nous reproche si souvent d’être des ignorants, comment vouliez-vous qu’on se reconnaisse dans un Jeune Afrique/l’intelligent ?
Alain Serbin, Paris, France

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Bonne nouvelle africaine
Lecteur assidu de votre journal depuis des dizaines d’années, je suis très heureux de votre choix – qui rejoint celui des lecteurs – de revenir sur vos pas et reprendre le titre Jeune Afrique. Cette bonne nouvelle africaine redouble notre confiance en l’Afrique. Nous vous remercions d’avoir rendu à César ce qui lui appartient, c’est-à-dire Jeune Afrique, comme toujours et pour toujours.
Mohamed Ba, Rome, Italie

Bateau (un instant) ivre
Fidèle lecteur de Jeune Afrique depuis trente ans, j’ai été de ceux qui, en 2000, ont dit farouchement « non » au changement de titre de notre cher magazine. Vous avez développé force arguments qui n’ont convaincu presque personne. Vous nous avez emmenés sur votre navire, naviguant sur les eaux tumultueuses de l’audace pour venir accoster au vrai bon port, celui que connaissent et aiment la multitude de vos lecteurs.
Bon retour au bercail, bateau un instant ivre. Jeune Afrique peut mûrir tout en restant jeune, car c’est un label magique et fétiche pour notre génération et celles à venir. Merci pour le courage d’avoir réparé « l’erreur ».
Bonne continuation, on est avec vous !
Me Ibrahim Berthe, Bamako, Mali

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Pour L’intelligent
Je ne suis pas du même avis que vos lecteurs laudateurs. Ils n’ont pas perçu la nécessité provisoire de l’épithète « intelligent ». Je me souviens qu’en 2000 une vive polémique avait été soulevée par les propos du président sénégalais Abdoulaye Wade, lequel n’était pas content de ce changement. Déjà, à l’époque, j’étais d’accord avec B.B.Y. Je n’ai pas changé d’opinion.
J’ai encore l’impression qu’il fallait un Jeune Afrique/l’intelligent pour nous dessiller les yeux.
Daniel Boo, Cameroun

Titre emblématique
Comme beaucoup d’abonnés, j’ai retrouvé avec plaisir ce titre familier qui, depuis si longtemps, a accompagné mes réflexions, m’a permis de parfaire ma connaissance des problèmes politiques et économiques de l’Afrique.
Nous sommes sans doute très nombreux à approuver ce « retour à la source ».
Michel Roussin, vice-président du Groupe Bolloré, Puteaux, France

Un nom inimitable
Cher Jeune Afrique, tu as recouvré ton nom inimitable. Sois-en loué.
Maud Sissung, écrivain, Paris, France

Pédantisme
J’ai pris connaissance avec un vif intérêt de votre article publié dans le n° 2355 qui annonçait le « retour de Jeune Afrique ». Je me permets de vous dire, à titre tout à fait personnel, que j’apprécie très vivement l’abandon du qualificatif « l’intelligent ».
En effet, tout en étant resté d’une qualité égale depuis de nombreuses années, cet ajout prêtait à sourire pour ceux qui n’en connaissaient pas le contenu. Cette expression pouvait faire croire à une sorte de pédantisme, ce qui n’était évidemment pas du tout le cas.
Le retour au titre initial et la qualité constante d’un périodique très bien documenté, riche en idées et en informations tout en faisant preuve d’une rare objectivité pourront contribuer à la relance de son succès parmi vos fidèles lecteurs. Il se trouve que j’en suis un et que, plus que jamais, je désire le rester.
Robert Urbain, ministre d’État et ancien ministre, bourgmestre de Boussu, Belgique

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