Vacances et développement

Très tôt, le pays a misé sur l’industrie des loisirs pour muscler son économie. Résultat : il a accueilli 6,4 millions de visiteurs en 2005.

Publié le 21 mars 2006 Lecture : 3 minutes.

Pour Tijani Haddad, ministre du Tourisme, l’année 2005 marque la fin de la crise mondiale provoquée par les attentats du 11 septembre 2001. Les indicateurs du tourisme tunisien retrouvent leur vigueur d’antan avec l’arrivée de 6,4 millions de touristes internationaux pour l’année écoulée, contre 5 millions en 2002, et des recettes en devises évaluées à 2,6 milliards de dinars (1,6 milliard d’euros), contre 2 milliards en 2002. Cette crise de 2001-2002 n’est pas la première dans l’histoire de la Tunisie.
Professionnel du secteur depuis plus de trente-cinq ans, Tijani Haddad, 64 ans, a connu les premiers balbutiements d’une activité, qui se révéla, au fil du temps, d’une importance considérable pour la prospérité générale du pays.
Pourtant, personne n’y croyait vraiment quand le père de l’indépendance, Habib Bourguiba, lança un an après l’indépendance l’idée de développer le tourisme en créant un office national dédié à cette industrie (le premier en Afrique). La Tunisie ne disposait alors que d’une cinquantaine d’hôtels et accueillait à peine 30 000 visiteurs. Le pays ne pouvait compter, comme « patrimoine » de départ, que sur de longues plages de sable fin, s’étirant tout le long des côtes, de Hammamet à Djerba, en passant par Sousse, Monastir et Mahdia. Les agriculteurs, qui occupaient les abords de ces plages, pour y cultiver pastèques, melons et potirons, ont été priés – parfois obligés – de céder leurs terres ou de se transformer en hôteliers de fortune. L’État s’est également mis de la partie en créant sa propre société hôtelière et touristique (SHTT), en investissant dans les infrastructures (eau, électricité, assainissement, routes, aéroport, etc.), la formation et dans la promotion pour attirer les touristes européens. Français, Italiens, Allemands, Belges et Scandivaves débarquèrent en masse : de 100 000 en 1963 à 300 000 en 1968, 1 million en 1975, plus de 2 millions en 1981 C’était la belle époque du tourisme facile.
Mais qui dit tourisme de masse, dit qualité moyenne, voire médiocre. En conséquence, le nombre d’arrivées chuta à 1,4 million en 1983. La Tunisie vivait alors une fin de règne des plus incertaines et une situation sociale tendue. Personne n’avait en tête le souci de développer le secteur. Le pays ne comptait alors que deux terrains de golf et deux marinas.
Le tourisme saharien, la plongée sous-marine, la thalassothérapie, l’écotourisme, la culture ne trouveront leurs stratèges que dans les années 1990. Au cours de cette décennie, le secteur décolle. Il devient une véritable industrie en passant de 3 millions de touristes en 1988 à 5 millions en 2000 et 6 millions en 2004. La moitié des lits – plus de 100 000 – est classée en catégories 4 et 5 étoiles. Une trentaine de centres de balnéothérapie est créée, une dizaine de terrains de golf, quatre nouvelles marinas, dont la plus célèbre est celle de Kantaoui (Hammam-Sousse). De 10 millions à 20 millions de dinars d’investissements par an dans les années 1960 et 1970, on passe à 125 millions en 1991, 450 millions en 1995, et 300 millions en moyenne annuelle jusqu’en 2005.
Le bilan est incontestablement positif. Le pari hasardeux de 1956 se révéla une réussite qui favorisa, dans son sillage, le développement des transports et communications, des services bancaires, de la santé, des industries artisanales et alimentaires En cinquante ans, la Tunisie a investi 6 milliards de dinars (environ 5,5 milliards de dollars aux taux de change courants) qui lui ont permis d’accueillir 103 millions de touristes et d’encaisser 32 milliards de dinars en devises. Ces chiffres, aussi importants soient-ils, ne reflètent pas la réalité d’un secteur qui procure un salaire à 340 000 Tunisiens (emplois directs et indirects), soit 12 % de la population active occupée, et qui permet de financer 74 % du déficit commercial en 2005.
L’accent est désormais mis sur la préservation de cette valeur ajoutée. Et le maître mot du ministre du Tourisme, Tijani Haddad, reste la « mise à niveau », c’est-à-dire la modernisation des unités hôtelières (le pays en compte 800), la rentabilité, la consolidation du marché traditionnel (clientèle européenne et tourisme balnéaire) et l’attraction de nouveaux clients (Chine, Russie, Japon, Canada). « Cela nous obligera à diversifier notre offre pour répondre aux exigences de tous les touristes », conclut le ministre.

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