Finances publiques : les Émirats à la rescousse de la Mauritanie
Les deux milliards de dollars alloués le 31 janvier durant la visite officielle à Abou Dhabi du président Ghazouani par les Émirats arabes unis sous forme d’investissements et d’un prêt viennent à point nommé pour tirer l’État mauritanien d’une mauvaise passe financière.
Rapporté aux réserves en devises de la Mauritanie qui s’élèvent à 1,1 milliard de dollars, cet apport d’argent frais est considérable, et il était indispensable. « Lorsque le Mohamed Ould Ghazouani a succédé, le 1er août 2019, à Mohamed Ould Abdelaziz, les caisses de l’État étaient vides et le versement des salaires des fonctionnaires a dû être étalé », rappelle un expert. Le Premier ministre, Ismaïl Ould Bedde Ould Cheikh Sidiya, l’a confirmé, le 31 janvier, devant l’Assemblée nationale en qualifiant la situation de la trésorerie publique trouvée par le nouveau pouvoir de « catastrophique », les disponibilités étant près de dix fois inférieurs aux engagements.
Ce n’était pas au sommet Royaume-Uni – Afrique du 20 janvier auquel il a participé à Londres que le Président Ghazouani pouvait espérer recueillir des secours : il n’y a rencontré que des investisseurs privés forcément lents à la décision et toujours sur la réserve vis-à-vis d’un pays dont la gestion économique est souvent considérée comme peu moderne.
Liens solides et anciens avec le Golfe
Ce n’est pas la première fois que les pays du Golfe épaulent la Mauritanie. Dans les années 1990, le Koweit lui avait prêté plusieurs centaines de millions de dollars. En 2015, l’Arabie saoudite lui avait prêté 500 millions de dollars. Les observateurs occidentaux sont convaincus que la remise à niveau de l’armée mauritanienne a été largement financée par des fonds venus du Golfe et qui n’apparaissent dans aucun document budgétaire.
Les liens des dirigeants mauritaniens avec le Golfe sont solides et anciens. Nouakchott a soutenu la coalition formée par l’Arabie saoudite pour combattre les rebelles houtis au Yémen, mais sans y envoyer le moindre soldat. En effet, Ghazouani, alors chef d’état-major, et son adjoint de l’époque Hanena Ould Sidi, aujourd’hui ministre de la Défense, étaient convaincus que la guerre au Yémen était un bourbier dont personne ne sortirait vainqueur.
La Mauritanie a participé à la mise en quarantaine du Qatar, d’autant plus que ce pays était soupçonné de financer le parti islamiste mauritanien Tawassoul. Elle a déjà attribué à des capitaux émiratis associés à des capitaux mauritaniens des terrains agricoles dans la région du fleuve Sénégal au grand dam des populations locales. On ne sait pour l’instant dans quel secteur s’investiront une partie des deux milliards de dollars nouvellement attribués par les Emirats.
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