Burkina Faso : tollé général après l’annonce des nouveaux tarifs d’Orange
Arguant d’une fiscalité désavantageuse, Orange Burkina a indiqué son intention d’appliquer de nouveaux tarifs à compter du 17 février. Une annonce qui a provoqué l’ire du gouvernement et des associations de consommateurs.
C’est une colère populaire dont l’opérateur français, présent au Burkina depuis 2016, se serait bien passé. Le géant des télécoms qui a conquis en 2017 la première place au Burkina, fait en effet face à un tir groupé depuis l’annonce de ses nouveaux tarifs.
Dans un communiqué publié le 30 janvier sur les réseaux, la filiale locale du groupe français informait ses clients qu’à compter du 17 février, Orange Burkina Faso procéderait à un réajustement général de ses tarifs de communication et de service internet. « Ce réajustement tarifaire fait suite à l’entrée en vigueur de la loi de Finances pour l’exécution du budget de l’État, exercice 2020, qui augmente le taux de la taxe spécifique sur les entreprises de télécommunications à 7 % du chiffre d’affaires réalisé par chaque entreprise », explique dans un courrier à ses clients Ben Cheick Haidara, directeur général de Orange Burkina Faso.
Concrètement, c’est une augmentation « de l’ordre de 2,04 % » sur l’ensemble des offres et services qu’a annoncée l’opérateur, provoquant une vague d’indignation.
Colère de la Primature
« Le communiqué d’Orange relatif à l’augmentation de ses tarifs est inacceptable, » a ainsi protesté, sur Twitter, le chef de l’exécutif, Christophe Dabiré. « Les responsables de cette société avaient adressé une correspondance à Son Excellence Monsieur le Premier ministre dans laquelle, ils ont exprimé leur inquiétude par rapport à l’augmentation de la taxe spécifique et demandé au gouvernement, d’examiner la question de la pression fiscale sur les opérateurs du secteur. Il est inacceptable que, sans attendre la réaction du chef du gouvernement, les responsables de Orange annoncent la mise en application de la décision. En l’absence d’une étude qui va prouver que la pression fiscale sur le secteur des télécommunications est insupportable, le gouvernement n’acceptera aucune augmentation liée à l’adoption de cette loi de finances. En clair, les prix pratiqués devront être maintenus jusqu’à ce que d’autres arguments plus plausibles indiquent le contraire », complète la Primature dans un communiqué.
Pour sa part, la Ligue des consommateurs du Burkina, dirigée par Dasmané Traoré, menace d’appeler au boycott des produits de l’opérateur si cette hausse venait à entrer en vigueur. « Cette augmentation n’a pas lieu d’être et constitue pour nous un mépris du consommateur. On ne peut pas demander au client de supporter l’effort à la place de l’opérateur téléphonique, d’autant plus que nous subissons de désagréments due à la qualité médiocre des réseaux », fustige M. Traoré.
Contexte morose
Instaurée pour la première fois en 2014, la taxe incriminée est assise sur le chiffre d’affaires annuel hors taxe des opérateurs télécoms opérant dans le pays. Son taux était jusque-là de 5 %. « Le gouvernement a augmenté le taux de la taxe à 7 % cette année de façon unilatérale, pour dit-il financer le sport et la formation. Avec les autres opérateurs du secteur, nous devrions nous réunir aujourd’hui sur la question, » glisse sous couvert de l’anonymat un dirigeant de société de téléphonie qui a été un peu échaudé par la sortie du Premier ministre. « Nous attendons de voir…», poursuit-il.
Alors que le secteur des télécoms connaissant ces dernières années une croissance régulière de l’ordre de 20 % par an, il a enregistré l’an dernier une baisse de l’ordre de 12 à 15 % en raison de la situation sécuritaire, selon nos informations. Une augmentation des taxes dans ce contexte « va grignoter la rentabilité des sociétés télécoms si le gouvernement refuse qu’elles la répercutent sur les consommateurs », explique notre source.
Dans la téléphonie mobile, Orange détient 45 % des parts, talonné par Telmob, la filiale mobile d’Onatel, à 40 %, avec ses 7, 2 millions de clients, suivi de Telecel Faso, du groupe Planor Afrique du tycoon local Apollinaire Compaoré, qui revendique 15 % du marché.
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