Mon assiette est poubelle que la tienne

Publié le 22 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Jusqu’où faut-il aller pour rester fidèle à ses principes ? Détestant le gaspillage, c’est toujours avec un pincement au cur que je jette un vieux croûton de pain ou du beurre rance. Ce qui ne m’empêche pas de digérer mes remords et de passer à autre chose une fois le vide-ordures refermé. Ce n’est manifestement pas le cas des freegan, des êtres au nom d’extraterrestres qui se sont donné pour mission d’investir la planète poubelle. Pour prétendument lutter contre la surconsommation qui affecte la société, les freegan (terme obtenu à partir de l’anglais free, gratuit, et vegan, végétalien) prônent un boycottage total du système économique. Leur façon de protester contre les tonnes de nourriture jetées chaque jour ? Faire leurs courses dans les dépotoirs des supermarchés. Tomates meurtries, pommes un peu trop mûres, viennoiseries déchiquetées, produits laitiers et viandes encore consommables, invendus en tout genre, rien n’est trop mauvais pour ceux qui espèrent réduire le gaspillage avec cette position anticonsommation.

Mais qui sont donc ces extraterrestres attachés aux nourritures terrestres ? Des professeurs, des ingénieurs, des cadres Dans plusieurs villes anglo-saxonnes, on peut voir les tenants de cette philosophie fouiller allègrement dans les ordures, cabas à la main, avec la sérénité de gens respectables qui se servent sur des rayons bien approvisionnés. Encore heureux qu’ils ne fassent pas la fine bouche en repêchant une carotte noyée sous des rognures douteuses ou des débris d’origine indétectable. Le monde à l’envers !

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Mais que restera-t-il pour les sans-abri si des nantis au porte-monnaie bien garni pillent leur garde-manger ? Certains freegan se vantent de ne pas avoir payé des fruits ou une tranche de rosbif depuis des mois, voire des années. Berk ! ces bons sentiments ne dissimulent-ils pas finalement un certain opportunisme ? Une nouvelle façon de se remplir la panse de poireaux sans dépenser un radis ? À leur décharge (publique), on pourra toujours avancer qu’ils contribuent à une certaine prévention écologique, car l’égout et les couleurs ne se discutent pas
« De toutes les passions, la seule vraiment respectable me paraît être la gourmandise », disait Maupassant. Dans ces conditions, elle ne le sera plus pour longtemps. La mode des freegan se répandant peu à peu aux abords des poubelles des grandes villes, le ver est dans le fruit…

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