L’ONU redore son blason

Publié le 21 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Par 170 voix contre 4 et 3 abstentions, l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé le 15 mars la création d’un Conseil des droits de l’homme, en lieu et place de la très controversée Commission du même nom. L’objectif est évidemment de redorer le blason passablement terni de cette instance et, surtout, d’en améliorer la représentativité et l’efficacité. Directement rattaché à l’Assemblée, le Conseil sera composé de 47 membres. Il tiendra au moins trois sessions annuelles et siégera au moins dix semaines par an, alors que la Commission ne tenait qu’une seule session de six semaines.
Créée en 1946, la Commission s’était, dans un premier temps, illustrée en élaborant la Déclaration universelle des droits de l’homme. Par la suite, sa politisation excessive et le rôle décisif joué par les solidarités régionales dans la désignation de ses membres l’avaient progressivement discréditée : des pays aussi peu recommandables que le Soudan, Cuba, l’Iran ou la Birmanie y siégeaient. En septembre 2005, le sommet de l’ONU a décidé d’engager une vaste réforme. Après cinq mois de difficiles tractations, c’est un compromis laborieux, mais, de l’avis général, honorable, qui a été approuvé le 15 mars.
Les États-Unis ont combattu ce texte qui, de leur point de vue, n’interdit pas l’accès du Conseil aux violateurs des droits de l’homme avec suffisamment de force. Pourtant, ses membres seront élus pour trois ans par l’Assemblée générale au terme d’un scrutin secret et à la majorité simple, alors qu’au sein de la défunte Commission, ils l’étaient par les groupes régionaux, ce qui ouvrait la porte à tous les marchandages. En revanche, le principe d’une répartition géographique a été conservé : l’Afrique et l’Asie disposent ainsi de 13 sièges chacune, contre 6 à l’Europe orientale, 8 à l’Amérique latine et 7 aux pays occidentaux. Les États-Unis auraient souhaité s’en tenir à la proposition initiale d’une élection à la majorité des deux tiers. Le texte final accorde néanmoins à l’Assemblée générale le pouvoir de suspendre, à la majorité des deux tiers, un membre du Conseil coupable de violations flagrantes des droits de l’homme.
Les membres du nouveau Conseil seront élus le 9 mai et tiendront leur première réunion le 19 juin. Ils auront pour tâche de répondre à des situations d’urgence, d’évaluer périodiquement les performances des 191 membres ?de l’ONU et de « s’autoexaminer » pour garantir leur crédibilité.
En dépit des appels à la raison lancés par cinq anciens Prix Nobel de la paix et diverses organisations comme Amnesty International – qui se félicitent de la possibilité qui leur est ouverte de participer aux débats du Conseil -, les États-Unis, rejoints par Israël, ont donc voté contre le projet, tandis que le Venezuela, l’Iran et la Biélorussie s’abstenaient. John Bolton, l’ambassadeur américain auprès de l’ONU, s’est toutefois montré rassurant quant à la volonté des États-Unis de collaborer avec le Conseil.

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