L’itinéraire bis des clandestins
De la côte mauritanienne à l’archipel espagnol des Canaries
Publié le 21 mars 2006 Lecture : 1 minute.
Le 15 mars, la marine espagnole a repêché vingt-quatre corps sans vie au large des côtes mauritaniennes. Ceux de migrants subsahariens, selon toute apparence. Quelques heures auparavant, la police avait arrêté quatre cents Subsahariens qui tentaient d’accoster aux Canaries. Répartis dans neuf embarcations, ils venaient, là encore, de Mauritanie.
Traumatisés par les tragiques événements de Ceuta et Melilla, en septembre 2005, et découragés par la sévérité des autorités marocaines, les clandestins sont de plus en plus nombreux à éviter le royaume chérifien. À bord d’embarcations de fortune – de simples pirogues, souvent -, ils tentent, à partir de la Mauritanie, de gagner l’archipel espagnol des Canaries, dernière escale avant le prétendu eldorado européen.
Selon les autorités canariennes citées par l’AFP, le nombre des clandestins interceptés au large de l’archipel entre janvier et mars 2006 avoisine trois mille, soit trois fois plus que l’année dernière à la même époque. Le quotidien El País rapporte que les services de renseignements espagnols estiment à plus de dix mille le nombre des migrants en attente du grand départ sur les côtes de Mauritanie et du Sahara occidental. Pour sa part, Ahmedou Haya, du Croissant-Rouge mauritanien, témoigne dans Le Monde du 10 mars : « Chaque jour, près de quatre-vingts clandestins quittent la Mauritanie pour les Canaries. Nous estimons que 40 % d’entre eux n’arrivent jamais à destination. »
Le 13 mars, la Mauritanie a décidé de renforcer les contrôles aérien, terrestre et maritime de son territoire. Quelques jours plus tôt, une pirogue partie de Saint-Louis du Sénégal le 23 février avec à son bord soixante-seize passagers s’était échouée non loin de la route goudronnée qui relie Nouakchott à Nouadhibou. Les clandestins, des hommes jeunes exclusivement, auraient payé près de 400 000 F CFA (610 euros) pour leur périple inachevé. Ils ont été reconduits à la frontière sénégalaise en autocar.
