Le Pen, le Gri-Gri et les « cons plaisants »

Publié le 21 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Il faut donc lire Minute (du 8 mars), hebdomadaire français d’extrême droite, proche, très proche, de Jean-Marie Le Pen pour comprendre un peu mieux les raisons du quasi-naufrage du Gri-Gri international, le périodique satirique fondé par le Gabonais Michel Ongoundou Loundah, un ancien cadre commercial devenu journaliste. Si l’on en croit les explications fournies par l’intéressé, c’est une interview du leader du Front national réalisée par Ongoundou lui-même qui aurait mis le feu aux poudres : refus de publication de la part des journalistes français de la rédaction, démission du comité des Amis du Gri-Gri, qui regroupe les parrains, eux aussi français, du bimensuel, « sabotage » du site Internet et au final blocage de la parution du dernier numéro, fin février. Michel Ongoundou Loundah, qui affirme vouloir faire reparaître son journal, dénonce une « hystérie typiquement franco-française » et en profite pour dire dans Minute tout le bien qu’il pense de Jean-Marie Le Pen ! « Beaucoup d’Africains l’aiment bien (sic), ils le pensent sincère au contraire d’une grande partie de la classe politique française. » En page suivante, Le Pen renvoie l’amabilité au patron de presse gabonais, qu’il qualifie d’« homme charmant et des plus courtois, doublé d’un remarquable professionnel ». Il est des compliments qui tuent. Quant aux collaborateurs d’Ongoundou Loundah, qui ont eu le front d’empêcher la publication de son interview, ils ne sont que « des cons, même pas plaisants ».

Les bonnes fées blanches du Gri-Gri, qui voyaient poindre au moment de sa reparution fin 2004 un Canard enchaîné africain en rupture avec « la presse panafricaine basée à Paris » (suivez mon regard), en sont pour leurs frais : un peu honteux, un zeste ridicules et courageusement muets – mais ils s’en remettront. Ce qu’ils semblent ignorer par contre, c’est que celui que Minute présente comme un exilé, réfugié politique et opposant, ne l’est plus (voir Jeune Afrique n° 2357). Début mars, Michel Ongoundou Loundah était à Libreville, chez lui, à l’ombre du très miséricordieux Omar Bongo Ondimba – lequel, en termes de brebis égarées de retour au bercail, en a vu d’autres. Le Gri-Gri sortira-t-il vivant (et un peu plus modeste) de cette peu glorieuse affaire ? On le lui souhaite. Quant à son patron, il a d’ores et déjà dû se rendre compte qu’on ne se précipite pas sur le premier micro tendu pour raconter ses malheurs. Minute, c’est Minute en effet, et même le plus soumis des oncles Tom n’échapperait pas à son humour nauséeux. À preuve, l’interview est précédée d’un chapeau dont les derniers mots sont : « Ça y’a pas bon Ongoundou ! » Sans commentaire.

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