Enquête sur l’argent de la diaspora

Publié le 21 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Après la Banque mondiale1, la Banque européenne d’investissement (BEI) s’intéresse de près à l’argent de la diaspora méditerranéenne vivant en Europe. Il faut dire que plus de 160 milliards de dollars sont transférés chaque année par les travailleurs immigrés vers leur pays d’origine, soit davantage que l’aide au développement et les investissements étrangers réunis. Comment contrôler ces flux ? Comment rentabiliser davantage leur utilisation locale ? Comment mieux impliquer les établissements bancaires ? Telles sont les questions qui taraudent les experts des deux organismes. Car, sur ce sujet, les données manquent cruellement. Plus de la moitié, voire le double des flux, transite, en effet, par des circuits informels. Pour des raisons de commodité et de coût, mais aussi pour des raisons, explique la BEI, de « bancarisation ». La plupart des immigrés éprouvent beaucoup de difficultés à ouvrir des comptes bancaires. Une seule pièce d’identité devrait pourtant suffire, recommande la BEI.
Dans une étude très fouillée publiée le 13 mars2, l’institution européenne analyse les transferts entre quinze pays de l’Union européenne et huit pays méditerranéens (Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et Turquie). Présentée à Bruxelles par son vice-président, Philippe de Fontaine Vive Curtaz, responsable de la Facilité euro-?méditerranéenne d’investissement et de partenariat (Femip), cette étude montre l’importance des transferts effectués par les 5,5 millions d’immigrés originaires des huit pays (dont 3,4 millions vivent en Allemagne et en France) : 7 milliards d’euros empruntent les circuits officiels et presque autant les circuits informels.
Selon les sondages effectués par la BEI, 18 % des transferts allant en Tunisie (sur un total de 1 milliard d’euros enregistrés officiellement en 2004) sont utilisés dans des investissements productifs. Le plus gros (82 %) sert à financer l’achat d’un logement ou d’un terrain, à payer les études d’enfants ou de parents restés au pays et à soutenir la famille. Pour le Maroc (2,9 milliards d’euros), ces parts sont respectivement de 16 % et de 84 %. Pour l’Algérie (1,5 milliard d’euros), elles sont de 8 % et 92 %. Interrogés par la BEI, des immigrés expliquent leur faible propension à investir par les pesanteurs administratives, une fiscalité peu incitative, la corruption et le manque de soutien financier local. À méditer

1. Economic Implications of Remittances and Migration, Banque mondiale, novembre 2005.
2. Study on Improving the Efficiency of Worker’s Remittances in Mediterranean Countries, Femip, 178 pages.

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