Endettés jusqu’au cou et fiers de l’être

Publié le 21 mars 2006 Lecture : 2 minutes.

Les États-Unis ont dépensé l’an dernier sur les marchés du monde 57 % de plus qu’ils n’ont gagné. En d’autres termes, les importations américaines ont été de 57 % supérieures aux exportations. Comment pouvons-nous, en Amérique, nous permettre de vivre à ce point au-dessus de nos moyens ? Tout simplement en accumulant des dettes envers le Japon, la Chine et les producteurs de pétrole du Proche-Orient. Notre frénésie d’endettement financier ne le cède en rien à notre gloutonnerie en importations pétrolières.

Un recours massif aux emprunts extérieurs peut se justifier. Ainsi, au XIXe siècle, les États-Unis ont-ils emprunté des sommes considérables en Europe pour financer la construction de chemins de fer et autres infrastructures industrielles. Cet investissement financé par de la dette a renforcé plutôt qu’affaibli l’Amérique.
Mais aujourd’hui, nos emprunts extérieurs ne sont pas mis au service d’une explosion des investissements. Rapportée à la taille de l’économie, la formation de capital fixe des entreprises est plutôt au bas de sa fourchette historique. En réalité, l’argent emprunté sert à la construction immobilière, à l’achat de biens de consommation et, bien entendu, au financement du déficit public.
En 2005, les dépenses de construction immobilière en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) ont atteint leur plus haut niveau depuis cinquante ans. Les gens qui possèdent déjà des logements les utilisent comme des tirelires en convertissant le capital accumulé en argent à dépenser. L’an dernier, pour la première fois depuis 1933, le taux d’épargne des ménages est tombé en dessous de zéro. Et c’est un signe indiscutable de la dégradation des comptes du pays que d’entendre l’administration Bush se vanter d’un déficit budgétaire de plus de 300 milliards de dollars en 2005, sous prétexte qu’il reste légèrement inférieur à celui de 2004.
Une telle situation n’est pas tenable, et tout porte à croire que la politique actuelle d’endettement débridé finira tôt ou tard par s’infléchir, mais ce sera dans un fracas d’explosion plutôt que dans un murmure. La demande globale s’effondrera sous l’effet d’une correction dramatique des marchés obligataire et immobilier. Les conséquences économiques d’un tel dénouement seraient calamiteuses.

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Tout bien considéré, Alan Greenspan, le président du système fédéral de réserve qui a laissé cette situation se développer, peut s’estimer heureux d’avoir si opportunément quitté ses fonctions pour animer des séminaires de fonds d’investissement à 250 000 dollars la prestation. Et son successeur, Ben Bernanke, peut se préparer à des émotions fortes. Meilleurs vux et bonne chance Ben, vous en aurez besoin.

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