Tunisie : l’enquête sur l’assassinat de Chokri Belaïd rebondit
Sept ans jour pour jour après l’assassinat du leader de gauche, le collectif d’avocats Belaïd-Brahmi a obtenu l’ouverture d’une nouvelle enquête sur « l’appareil secret d’Ennahdha », impliquant 16 prévenus dans l’affaire Belaïd. Retour sur une affaire complexe considérée par certains comme crime d’État.
Le 6 février 2013, l’opposant Chokri Belaïd tombait sous les balles de Kamel Gadhgadhi, un membre du groupe islamiste salafiste Ansar al-Charia. Un assassinat qui, avec celui d’un autre dirigeant de gauche, Mohamed Brahmi, en juillet de la même année, a provoqué la plus grande crise gouvernementale au cours de la transition politique initiée en 2011 en Tunisie.
Sept ans plus tard, l’affaire Chokri Belaïd rebondit. Un document issu d’une autre enquête sur le milieu salafiste mentionne le « 12 rue de Russie » à Tunis, ont annoncé le collectif d’avocats Belaïd-Brahmi à l’occasion d’une conférence de presse, le 5 février. À cette adresse, une salle de sport où un certain Moncef El Ouerghi, qui avait été incarcéré sous Ben Ali, enseignait le zamaqtal, un art martial de son invention.
Cet islamiste, dont les cours étaient suivis par de nombreux salafistes, avait préféré négocier un emploi pour son fils Abd Dha El Jellal oua El Ikram (dit Bibi) plutôt que de percevoir des dédommagements perçus par les anciens prisonniers politiques dans le cadre de l’amnistie générale. Bibi n’est pas un inconnu : il avait été affecté, en 2012, à la sécurité personnelle du président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi.
L’enquête a surtout révélé que Bibi entretenait des liens avec le groupe Ansar al-Charia et avait des relations étroites avec Kamel Gadhgadhi, qu’il avait vu la veille de l’assassinat. Parmi les documents saisis à son domicile, qui étaient auparavant entreposés dans les locaux de la salle de sport, des photos confirment la proximité entre les deux hommes. On les voit par exemple exhibant des munitions, ou ensemble au mariage de la sœur de Bibi avec Tarek Maaroufi, complice du chef d’Ansar al-Charia dans l’assassinat du commandant Massoud, en 2001.
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