Cheikh Mansour Bin Mussalam : « L’Organisation pour une coopération éducative répondra directement aux États »
L’Organisation pour la coopération éducative (OCE), qui a vu le jour le 29 janvier dernier à Djibouti, aura pour but de permettre à ses États membres de réaliser leurs engagements en faveur d’une éducation équilibrée et inclusive.
Son âge reste, comme il le dit lui-même, « un secret d’État ». On sait seulement de lui qu’il est d’origine saoudienne, vient d’une grande famille et qu’il a fait ses études en Suisse. Polyglotte, parlant un français raffiné, convoquant penseurs, poètes, scientifiques comme Albert Camus, José Martin ou Marie Curie, le jeune Cheikh Mansour Bin Mussalam a lancé fin janvier à Djibouti, en compagnie du président Ismail Omar Guelleh et de son homologue comorien Azali Assoumani et d’autres officiels, l’Organisation pour la coopération éducative (OCE).
Au moment où il en est élu secrétaire général, à l’issue du troisième Forum pour une éducation équilibrée et inclusive (Forum BIE 2030), organisé par l’Education Relief Foundation (ERF, qu’il a fondée), il en explique les contours pour Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Vous avez annoncé le 29 janvier à Djibouti la création d’une agence de coopération éducative dotée de 25 millions de dollars à l’issue du Forum que vous avez organisé à Djibouti. Pourriez-vous nous en dire plus sur ses contours ?
Cheikh Mansour Bin Musallam : Ce ne fut pas simplement une annonce ! La charte constitutive de l’Organisation de coopération éducative a été signée par les États. Ce serait absurde d’annoncer une déclaration universelle sur l’éducation équilibrée et inclusive, d’inclure de nouveaux engagements et de dire aux États, qui ont déjà alloué leurs ressources techniques, humaines et financières, qu’ils doivent d’une manière ou d’une autre rechercher les fonds nécessaires pour réaliser leurs engagements.
L’Education Relief Foundation (ERF) est une ONG qui répond à son conseil d’administration, mais pas aux États. Il est nécessaire qu’il y ait une organisation qui réponde directement aux États, et pas seulement à son conseil d’administration.
Nous nous sommes fixé plusieurs règles. L’OCE évitera la bureaucratie excessive que nous connaissons dans beaucoup d’organisations internationales. Ensuite, pour dépasser les cloisonnements sectoriels, l’OCE inclura des membres associés de la société civile et de corps académiques.
Ma fondation s’engage à une dotation de 25 millions de dollars à cette organisation durant les deux premières années
Puisque cette organisation est créée pour soutenir les États, elle ne peut pas dépendre de leurs contributions financières continuelles. Elle inclura un bras armé financier, qui sera la propriété de l’organisation, qui aura pour objectif de générer des fonds afin de graduellement couvrir les obligations financières des États membres. Elle mettra en commun les ressources humaines, techniques et intellectuelles. Nous aurons pour objectif de générer assez de fonds pour pouvoir financer de façon solidaire des projets éducatifs de ses États membres.
Ses investissements seront dirigés dans des projets éthiques ou écologiquement, socialement responsables, qui n’ont pas nécessairement à voir avec l’éducation.
Le siège sera-t-il à Djibouti ?
La charte entrera en vigueur une fois que dix des États signataires fondateurs l’auront ratifiée. Il y a cependant un article qui est immédiat, qui inclut la création d’un comité préparatoire qui aura pour rôle de préparer tous les documents de l’OCE, et d’identifier quelques options de siège.
Avez-vous commencé à récolter des fonds ?
L’ERF s’engage à une dotation de 25 millions de dollars à cette organisation durant les deux premières années. Les États, pendant les deux premières années de l’organisation, n’auront aucune obligation financière et ils pourront se retirer avec un préavis de six mois. Ce qui leur donne la possibilité de faire une évaluation des progrès réels de cette organisation.
À combien s’élève le niveau de dotation de votre fondation, l’ERF ?
Elle est dotée des fonds qui sont nécessaires à son fonctionnement.
C’est-à-dire ? Avez-vous des bailleurs privés ?
C’est moi-même ! J’étais auparavant dans le secteur de l’hôtellerie mais je me consacre désormais à 100% activités de ma fondation, que je finance moi-même.
Votre famille participe-t-elle au fonctionnement de votre fondation ?
Ma famille est présente dans plusieurs secteurs en Arabie saoudite, comme l’hôtellerie, mais elle ne contribue pas à la fondation.
Djibouti entretient de bonnes relations avec l’Arabie saoudite, qui intervient dans certaines négociations diplomatiques, avec d’autres acteurs de la région. C’est à Djeddah que les présidents djiboutien et érythréen s’étaient retrouvés en 2018 après dix ans de rupture … Vous inscrivez-vous de près ou de loin dans ce cadre-là ?
Je vous le dis sincèrement, je ne m’inscris dans aucun cadre. En quoi par exemple le directeur général de l’hôtel Kempinski de Djibouti, qui est français, contribue-t-il aux relations entre Djibouti et la France ?
C’est une personne privée. Vous disposez d’une fondation établie. Vous seriez dubaïote, ce serait peut-être moins facile d’intervenir à Djibouti, eu égard au différend qui oppose ce pays à DP World…
Il faudra le demander à Djibouti. On ne m’y a jamais parlé de mon pays, on m’y a surtout parlé d’éducation !
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