[Tribune] Togo : la diaspora, un électorat mis à l’écart
Si les Togolais de l’étranger sont pour la première fois autorisés à participer aux élections, dans les faits cette ouverture fait l’objet de sérieuses restrictions, qui laissent une large part de la diaspora à l’écart de l’élection présidentielle du 22 février.
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Georges Dougueli
Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.
Publié le 12 février 2020 Lecture : 1 minute.
Le Togo à la veille de la présidentielle
Favori du scrutin du 22 février face à une opposition désunie, le président Faure Essozima Gnassingbé mise sur le Plan national de développement pour consolider l’embellie économique que connaît le pays.
S’il y a un nouveau défi à relever lors de la présidentielle de ce 22 février, c’est le vote de la diaspora. L’Assemblée nationale togolaise a en effet adopté, le 5 novembre 2019, une modification de la loi électorale permettant aux Togolais établis à l’étranger de participer aux élections nationales.
Ironie de l’histoire, si cette revendication, d’ailleurs reprise dans les recommandations de la Cedeao, venait de l’opposition, elle a été adoptée par le pouvoir, qui veut en faire un symbole d’ouverture à mettre à son crédit. Une partie de l’opposition parlementaire s’est même abstenue, estimant que cette mesure est certes une avancée positive, mais encore trop mesurée et restrictive.
Défiance
En effet, seules 312 personnes vivant à l’étranger se sont inscrites sur les listes électorales lors de la campagne, ouverte du 15 juillet au 20 août 2019, selon les chiffres issus du ministère des Affaires étrangères. Trop peu au regard d’une diaspora estimée aujourd’hui à 1,5 million de personnes.
Une mauvaise affaire pour l’opposition, qui tient pour acquis le vote des communautés établies à l’extérieur du pays. Comment se fait-il qu’ils soient si nombreux dans les marches de protestation et quasi absents sur les listes électorales ?
La première explication tient aux rapports empreints de défiance qui ont toujours éloigné les Togolais de leurs consulats. Un grand nombre de ressortissants n’a donc jamais demandé la carte consulaire sans laquelle toute inscription est impossible. Et même ceux qui avaient fait les démarches devaient s’assurer de recevoir le document six mois avant la date de l’inscription.
Deuxième explication : figurer sur les listes n’est possible que dans six pays : les États-Unis, la France, le Maroc, le Gabon, la RD Congo et le Nigeria.
L’opposition a dénoncé ces « entraves », mais ne peut s’en prendre qu’à elle-même. Faire descendre des foules dans les rues, c’est bien. Préparer son électorat à l’exercice de son droit de vote, c’est mieux.
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