Turcs et Irakiens signent le Pacte de Bagdad

Publié le 21 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Tout n’allait certes pas pour le mieux au Moyen-Orient du temps des Ottomans. Mais la disparition officielle de l’empire, décidée par le traité de Sèvres du 10 août 1920, n’a rien réglé. En ce début du XXIe siècle, la région reste la plus explosive du monde. Et peu de solutions sont en vue. Les efforts pour calmer le jeu n’ont pourtant pas manqué, avant et après la Seconde Guerre mondiale. Ce qu’on a appelé le « Pacte de Bagdad » aura été l’une de ces tentatives obstinées, mais vaines.
Placé sous mandat britannique après la guerre de 1914-1918, l’Irak était devenu en 1921 une monarchie constitutionnelle, avant d’accéder à l’indépendance onze ans plus tard. Après 1945, sous l’impulsion de dirigeants comme Nouri es-Saïd, le pays s’engage dans une politique pro-occidentale. Avec le soutien de la Turquie. Restée à l’écart de la Seconde Guerre mondiale, celle-ci avait pourtant, en mai 1951, adhéré à l’Otan.
Le Moyen-Orient n’était pas seulement le théâtre de la rivalité des puissances régionales et des intérêts pétroliers. Depuis le « coup de Prague », en mai 1948 (la transformation orchestrée par l’Union soviétique de la Tchécoslovaquie en démocratie populaire), il était aussi l’un des fronts de ce qui allait être, près d’un demi-siècle durant, la guerre froide. Dès novembre 1951, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la Turquie avaient créé le Commandement suprême allié au Moyen-Orient. D’autres pays arabes de la région, dont l’Égypte, avaient été invités à y participer, mais le colonel Gamal Abdel Nasser, porté au pouvoir en juillet 1952 par la révolution des Officiers libres, ne voulut rien entendre.
Menace soviétique, poussée nationaliste En 1948, les cartes avaient été une nouvelle fois brouillées par la création de l’État d’Israël, que la Grande-Bretagne, puissance mandataire en Palestine, n’avait pas vue d’un si bon il. Les pays arabes renâclaient à s’allier avec ceux qui défendaient Israël, mais, depuis le coup d’État d’août 1953 contre le Premier ministre Mohamed Mossadegh en Iran, les États-Unis, le secrétaire d’État John Foster Dulles en tête, avaient pris le relais de la Grande-Bretagne dans la région. Avec leur encouragement, Adnan Menderes, pour la Turquie, et le général Nouri es-Saïd, pour l’Irak, signent le 24 février 1955 un « Pacte de coopération mutuelle » qui deviendra le « Pacte de Bagdad ». Amorcée au cours de l’année précédente par des accords bilatéraux, l’édification du « mur du Nord » (« Northern Tier ») face à l’Union soviétique se poursuit.
La première réunion du Conseil du Pacte de Bagdad a lieu les 21 et 22 novembre 1955 dans la capitale irakienne. Aux deux premiers signataires se sont ajoutés le Pakistan, l’Iran et la Grande-Bretagne. Les cinq gouvernements réaffirment leur intention de « travailler en plein accord à maintenir la paix et la sécurité au Moyen-Orient, à défendre leurs territoires contre l’agression et la subversion, et à promouvoir le bien-être et la prospérité des peuples de la région ». Les États-Unis se sont contentés de se faire représenter et d’établir une liaison politique et militaire.

Nasser, qui nationalisera le canal de Suez l’année suivante, s’oppose à l’élargissement du Pacte, qu’il voit comme un facteur de division du monde arabe. Fin 1955, il conclut avec l’URSS un contrat pour obtenir les armes dont il a besoin contre Israël. De la même manière, le Pacte, perçu à Damas comme une menace, favorise le rapprochement égypto-syrien. Les deux pays formeront en 1958 une éphémère République arabe unie.
L’opposition à la politique pro-occidentale de Nouri es-Saïd aboutira en juillet 1958 à la chute de la monarchie hachémite et à la proclamation de la République par le général Kassem. Lequel sera fusillé par le parti Baas en 1963. De son côté, Adnan Menderes, en Turquie, sera exécuté après la révolution de 1960.
L’Irak s’en étant retiré, le Pacte de Bagdad se transformera, en août 1959, en une Organisation du traité central (Cento), davantage tournée vers la coopération économique. Cette dernière disparaîtra à son tour en 1979.

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