Djibouti : pas de pétrole mais des IDE

Peu de ressources naturelles, mais des investissements directs étrangers qui affluent. Voilà l’atout majeur de Djibouti, dont la croissance est dopée par ses activités portuaires.

Terminal à conteneurs de Doraleh, à Djibouti, géré par Dubai Ports World. © Vincent Fournier/J.A.

Terminal à conteneurs de Doraleh, à Djibouti, géré par Dubai Ports World. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 30 juin 2014 Lecture : 4 minutes.

Djibouti dispose de bien plus de ressources que ne pourraient le laisser croire ses paysages désolés. Outre un sous-sol qui pourrait faire du pays un acteur majeur de la géothermie et une position géographique privilégiée – entre deux continents et le long de l’une des routes maritimes les plus empruntées au monde -, il peut également compter sur le boom de l’Éthiopie voisine, aujourd’hui quatrième économie africaine.

Îlot de stabilité au coeur d’une région qui en manque cruellement, la petite république bénéficie, depuis une décennie, du soutien des pays du Conseil de coopération du Golfe et de celui de Dubaï en particulier qui, en y multipliant ses investissements, lui ont permis de devenir une plateforme sous-régionale de transport et de logistique. En effet, littéralement dopée par les activités du port de Doraleh, dont les premiers quais ont été inaugurés en 2008 et où officie Dubai Ports World, l’économie djiboutienne bénéficie, depuis dix ans et malgré la crise financière de 2009, d’un taux de croissance moyen de 4,5 %.

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La mise en service de nouveaux équipements routiers et énergétiques, en 2013, ainsi que ces nombreuses extensions portuaires qui stimulent le secteur de la construction ont dynamisé la croissance du pays, qui atteint pour la première fois depuis longtemps les 5 %. Et elle devrait encore grimper, au rythme des investissements directs étrangers (IDE), dont le stock vient de dépasser 1 000 millions de dollars (738 millions d’euros), dont 80 % collectés au cours des six dernières années.

En 2013, les IDE ont représenté près de 20 % du PIB et « pourraient atteindre jusqu’à 30 % dans les années à venir », se réjouit Ahmed Osman, le gouverneur de la Banque centrale. Car aux financements arabes s’ajoutent depuis deux ans les contributions brésiliennes, turques, indiennes et chinoises. La Chine détrône d’ailleurs Dubaï au rang de premier investisseur. Son opération la plus emblématique : l’acquisition, en 2012, par la China Merchant Holding International Company, de 23,5 % du capital du holding portuaire.

Limites

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Pendant que les projets se multiplient dans les ministères, notamment en partenariat avec l’Éthiopie, dont 90 % des marchandises transitent à l’export comme à l’import par Djibouti, le modèle de développement montre toutefois ses limites sociales.

« La hausse continue de la croissance et du volume des investissements doit permettre au gouvernement d’améliorer les conditions de vie de la population », insiste Zemedeneh Negatu, le représentant d’EY (ex-Ernst & Young) pour l’Afrique de l’Est.

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Selon les derniers indicateurs, 42 % des Djiboutiens vivent en dessous du seuil de pauvreté. Et le chômage frappe entre 50 % et 60 % de la population active. La parité du franc djiboutien avec le dollar américain permet déjà de contenir l’inflation sous la barre des 3 %, grâce également à la baisse du prix des importations de denrées alimentaires et des volumes de gasoil approvisionnant la centrale thermique de la capitale depuis son branchement au réseau hydroélectrique éthiopien, en 2011. Autant d’éléments qui auraient dû permettre de rééquilibrer un peu une balance commerciale structurellement déficitaire et qui a encore dérapé (- 13,1 % en 2013, contre – 12,3 % en 2012).

Dans sa dernière note de conjoncture, le FMI se satisfait d’un meilleur recouvrement de l’impôt, qui permet à l’État de voir ses recettes progresser de 26,3 %. Ce bon résultat n’empêche pas la dégradation du déficit budgétaire, qui est passé de 0,7 % en 2011 à 3,1 % en 2013. Un motif d’inquiétude pour les bailleurs de fonds, qui demandent au gouvernement de faire preuve de prudence en matière de dépense publique. Dans le cas contraire, Djibouti pourrait bien se retrouver dans une situation budgétaire « insoutenable », estime le FMI.

Esprit d’entreprise, es-tu là ?

JA2789p076-1info2Les institutions financières internationales ne cessent de le seriner : « Le secteur privé a un rôle essentiel à jouer dans le développement de Djibouti. » Ces dernières années, le gouvernement s’est donc attelé à la tâche pour améliorer le climat des affaires, tout en développant la culture de l’entrepreneuriat et en intégrant dans l’économie le secteur informel (40 % du PIB). Les pouvoirs publics ont ainsi mis sur pied un ensemble d’agences publiques, qui travaillent en synergie, pour alléger les démarches administratives nécessaires à la création d’entreprise, fournir les premiers financements ou assurer la protection de la propriété intellectuelle.

Créée en 2001, l’Agence nationale de promotion des investissements (Napi) « sert de trait d’union entre l’État et le secteur privé local ou étranger », résume Mahdi Darar Obsieh, son directeur. L’agence aide notamment les jeunes entrepreneurs dans la définition de leur business plan. Ces derniers peuvent ensuite aller frapper à la porte du Fonds de développement économique de Djibouti (FDED) qui, depuis 2003, soutient la création de PME en leur apportant des crédits et une assistance technique.

Pour compléter le dispositif, l’État a lancé, en 2012, l’Office djiboutien de la propriété industrielle et commerciale (Odpic), « afin d’accélérer le processus de création d’entreprise », explique Ouloufa Ismaïl Abdo, sa directrice générale. Les délais ont ainsi pu être ramenés à 4 jours, contre 37 en moyenne auparavant. En attendant la mise en place d’un guichet unique, en septembre, le pays a déjà progressé de 61 places en matière de création d’entreprise lors du dernier classement « Doing Business » de la Banque mondiale.

En 2013, 1 148 nouvelles sociétés ont été enregistrées au registre du commerce, soit une hausse de 85 % par rapport à 2012. Un chiffre record sachant que le secteur privé compte 6 300 entreprises immatriculées, tous secteurs confondus.

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