Rififi à Lomé

Publié le 21 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Il aura fallu l’intervention conjointe des présidences française, burkinabè et gabonaise auprès du président togolais Faure Gnassingbé pour que les quatre dirigeants du groupe Bolloré (dont Gilles Alix, l’un de ses deux directeurs généraux, et Georges Cognon, son directeur Afrique) puissent regagner la France après trente-six heures de garde à vue au camp de la gendarmerie, à Lomé. Arrivés au Togo le 7 février en début de soirée à bord d’un Falcon 900 privé en provenance de Libreville, les quatre hommes ont été interpellés le lendemain vers 20 heures alors qu’ils avaient déjà pris place dans le même appareil, qui s’apprêtait à décoller de Lomé-Tokoin à destination de Paris. Entre-temps, ils avaient en vain tenté d’être reçus par le chef de l’État. À l’issue de leur garde à vue et avant d’être libérés après versement d’une lourde caution (150 000 euros par personne), les quatre dirigeants se sont vu notifier leur mise en examen par le juge d’instruction Robert Bakaï.
Selon ce dernier, « certains responsables de Bolloré » se seraient livrés depuis plusieurs mois à une tentative de « corruption active » de magistrat – en l’occurrence, le juge Tété Tekwe, par ailleurs président de la Commission togolaise anticorruption ! – afin de gagner le procès qui oppose le groupe à l’un de ses ex-associés, Jacques Dupuydauby. Ce dernier, un Franco-Espagnol résidant à Séville qui préside le Groupe Progosa (lequel possède deux filiales au Togo : SE2M et SE3M), est en conflit ouvert avec Vincent Bolloré, dont il fut le collaborateur à la fin des années 1990, à propos du contrôle de la manutention et de la licence conteneurs du port de Lomé – enjeu non négligeable depuis le déclin du port d’Abidjan. Des procès croisés opposent depuis les deux hommes, en Espagne et au Togo. Proche de Michel Dupuch (ex-monsieur Afrique de l’Élysée et administrateur chez Progosa) et de Roland Dumas, son avocat contre Vincent Bolloré, Dupuydauby fréquente le Togo depuis trente ans. Ami d’Eyadéma père, il l’est aussi de son fils. Difficile donc de l’évincer, ainsi que l’ont appris à leurs dépens les quatre cadres du groupe Bolloré, qui, dans cette affaire, affirment avoir été « piégés ».

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