Emmanuel Faber : « Il faut reformer l’aide publique au développement pour favoriser l’innovation »
Un nouveau rapport rédigé par Emmanuel Faber, directeur général délégué de Danone, et le Sud-Africain Jay Naidoo, président de l’ONG GAIN, présente « dix propositions pour une nouvelle approche de l’aide publique au développement ».
C’est ce vendredi 20 juin que le rapport » Innover par la mobilisation des acteurs : 10 propositions pour une nouvelle approche de l’aide au développement », réalisé par Emmanuel Faber, directeur général délégué de Danone, et le sud-africain Jay Naidoo, président de l’ONG Gain, a été remis officiellement à Annick Girardin, secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie. Soit un jour après l’adoption par l’Assemblée nationale du « projet de loi portant sur la politique de développement de la France ».
Les politiques d’aide publique au développement sont nées bien avant la montée en puissance des BRICS, le décollage de l’Afrique… et la crise budgétaire européenne.
Commandité en 2013 par Pascal Canfin, alors ministre délégué en charge du Développement, et finalisé en janvier dernier, ce document propose de « revisiter les priorités et les modalités d’intervention de l’aide publique au développement française pour qu’elle soit plus qualitative, plus catalytique et plus durable dans ses effets ». Derrière cette formule dense se trouve pourtant une idée claire et simple : les politiques d’aide publique au développement sont nées dans un contexte très différent de celui que connaissent aujourd’hui les « pays du Sud » et il devient urgent de les rénover.
En fait, pour reprendre la formule d’Emmanuel Faber, « ces politiques d’aide sont nées lorsque les expressions ‘Nord’ et ‘Sud’ recouvraient encore une réalité nette et convenue, avant la montée en puissance des BRICS, avant le décollage de l’Afrique et avant la prise de conscience des enjeux environnementaux du développement. »
Économie inclusive
Pour faire face à ces nouvelles problématiques et à l’émergence de nouvelles puissances économiques – mais aussi aux contraintes budgétaires qui pèsent de plus en plus sur les pays développés – Emmanuel Faber et Jay Naidoo recommandent dans leur rapport « de faire confiance aux populations locales et à la capacité d’initiative des « coalitions d’acteurs [groupements de femmes, entreprises, collectivités locales et ONG] engagés dans des projets ou programmes au plus près des réalités de terrain ». Une confiance qui doit être accompagnée des moyens nécessaires pour permettre à ces acteurs de réussir et de « pérenniser les initiatives innovantes » (qualifiée d’ »économie inclusive » dans le rapport) qu’ils développent localement.
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Parmi leurs dix propositions, les auteurs du rapport recommandent notamment, pour lutter contre le sous-emploi massif des jeunes en Afrique, « de reconnaître l’absolue priorité de l’apprentissage en alternance » et de « favoriser la diversité de ses modes d’expression (formel et informel) ».
Par ailleurs, ils estiment important de « sortir de la prédominance de l’aide aux États et de l’aide multilatérale et d’ouvrir largement le dispositif d’Aide publique au développement au financement de l’économie inclusive ».
Alarmisme
Il reste désormais à savoir comment – et si – ces recommandations seront traduites en actions concrètes. Répondant au constat d’Emmanuel Faber selon lequel l’aide au développement était « à bout de souffle », la secrétaire d’État chargée du Développement a indiqué que le gouvernement français entendait « soutenir cette nouvelle approche innovante du développement ». Annick Girardin a néanmoins recommandé de ne pas « tomber dans l’alarmisme ». « Notre aide ne résout certes pas tous les problèmes, mais qui prétend qu’elle le pourrait ? En réalité, elle reste adaptée dans de nombreux contextes et elle peut se prévaloir de grandes réussites sur des sujets complexes », a-t-elle martelé.
Pour Emmanuel Faber, une première matérialisation des recommandations de ce rapport pourrait être la mise en place, au sein de l’Agence française de développement, d’une « facilité de financement de l’économie inclusive » au cours des douze prochains mois. Cet outil de soutien et de financement permettrait, « dans une logique d’expérimentation », de faire apparaître le caractère novateur de cette approche et marquerait un « signe clair de l’intérêt » de l’État français. Des discussions avancées auraient déjà pris place avec l’AFD.
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