L’avion nord-africain n’est pas pour demain

La quasi-totalité des avionneurs basés en Europe ont aujourd’hui des sous-traitants et filiales au Maroc et en Tunisie. Mais si cette la filière aéronautique régionale s’étoffe d’année en année (plus de 25000 employés dans les deux pays), cela ne signifie pas qu’un avion sera prochainement assemblé en Afrique du Nord.

Le technopôle de Nouaceur, près de l’aéroport Mohammed V. © Ludovic/REA

Le technopôle de Nouaceur, près de l’aéroport Mohammed V. © Ludovic/REA

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 20 juin 2014 Lecture : 2 minutes.

La quasi-totalité des avionneurs basés en Europe ont aujourd’hui des sous-traitants et filiales en Tunisie et au Maroc. Les deux pays se font de plus en plus concurrence pour les attirer chez eux, en témoigne notre enquête sur le sujet, intitulée « Duel de haut vol », et publiée dans le numéro 2789 de Jeune Afrique, à paraître ce dimanche 22 juin. Le canadien Bombardier inaugurera d’ici la fin de l’année 2014 une usine d’équipements de pièces de fuselage à Casablanca au Maroc, emboitant le pas à des groupes comme Dassault et Safran, déjà bien implantés dans le royaume. Pendant ce temps en Tunisie, Aerolia, filiale d’Airbus et Zodiac Aerospace agrandissent leurs sites de sous-traitance pour leurs unités européennes.

Taille critique

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Mais si cette la filière aéronautique régionale s’étoffe d’année en année (plus de 25 000 employés dans les deux pays), cela ne signifie pas qu’un avion sera prochainement assemblé en Afrique du Nord. Interrogés sur ce point lors du dernier Marrakech Air Show, les dirigeants d’avionneurs affirment que ce n’est pas à l’ordre du jour.

« Même attractif, le marché régional est encore petit, et le contrôle qualité, draconien dans l’aéronautique, ne nous permet pas de multiplier des usines d’assemblage », fait valoir Marco Tullio Pellegrini, directeur général d’Embraer Executives Jets, qui a implanté une seule usine de ce type en dehors du Brésil : en Chine, un marché autrement plus attractif et moins divisé que celui du continent. « L’Afrique représente seulement 3 % de nos ventes de nos jets Falcon en Afrique », fait valoir Frédéric Le Basset, responsable commercial chez Dassault, qui n’envisage pas non plus un appareil assemblé à l’extérieur de la France ou des États-Unis.

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Implantation

« L’aéronautique n’est pas l’automobile. Un avionneur n’a pas besoin de fabriquer à côté de ses clients », rappelle Souad Elmallem, directrice de Bombardier pour l’Afrique du Nord, dont les appareils sont assemblés uniquement au Canada, avec des pièces en provenance de leurs usines irlandaises et américaines…qui elles-mêmes sous-traitent respectivement au Maroc et au Mexique.

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Alors que, l’implantation d’un industriel comme Renault au Maroc permet, en plus des économies sur la fabrication et la logistique, une percée commerciale sur un marché automobile maghrébin attractif, l’implantation d’une usine de sous-traitance aéronautique au Maghreb ne vaut que par les gains sur les coûts de production. « Dans l’aéronautique, il n’y a pas de « prime commerciale » à l’implantation industrielle. On ne vend pas plus d’avions qu’on est implanté quelque-part », observe la patronne régionale de Bombardier.

Les groupes européens et américains ont planifié leurs délocalisations au Maghreb pour baisser les coûts, tout en conservant chez eux la conception et l’assemblage final, les phases à plus haute valeur ajoutée. L’Afrique du Nord semble condamnée à être la base arrière des usines d’assemblage européennes. A moins qu’un avionneur maghrébin ne voie le jour. 

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