Il ne fait pas bon être musulman à Copenhague

Publié le 22 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Nous, les Danois, sommes devenus de plus en plus xénophobes au fil des ans. Le débat sur l’autocensure et la liberté d’expression n’a pas été provoqué par la publication des caricatures du prophète Mohammed. Il doit être replacé dans le contexte d’un climat généralisé d’hostilité, au Danemark, envers tout ce qui est musulman.
Il y a plus de 200 000 musulmans au Danemark pour 5,4 millions d’habitants. Il y a quelques décennies, il n’y avait aucun musulman dans le pays. Sans surprise, beaucoup de Danois ont considéré l’islam comme une menace pour la survie de leur culture.
Depuis vingt ans, les musulmans ne sont toujours pas autorisés à construire des mosquées à Copenhague. Il n’y a pas non plus de cimetière musulman au Danemark et les corps des musulmans doivent être rapatriés dans leur pays pour être enterrés selon les rites traditionnels.
S’il n’y avait pas autant de Danois qui sont convaincus de l’existence d’une menace musulmane, tout cela semblerait un prétexte incongru. Mais beaucoup y croient. Lorsque le drapeau danois a été brûlé dans des pays arabes, cela a été considéré au Danemark comme un outrage et des appels ont été lancés pour soutenir encore plus fermement le journal Jyllands-Posten. Le gouvernement de centre-droit a fait un bond dans les sondages, ainsi que le Parti du peuple danois, connu pour sa position anti-immigrants, sans lequel le gouvernement n’aurait pas de majorité au Parlement.
À présent, l’opinion générale, exprimée dans la presse et par la majorité des Danois, c’est que les leaders musulmans qui ont mené des protestations au Danemark devraient voir leur statut de citoyen danois reconsidéré.
Mais la vérité, c’est qu’ils n’avaient plus guère le choix. Ils avaient tenté d’obtenir que le Jyllands-Posten reconnaisse son erreur. Ils avaient essayé de rallier le gouvernement et l’opposition à leur cause. Ils avaient déposé plainte auprès d’un tribunal local dans le cadre de la loi contre le blasphème qui existe dans le pays. Ils avaient enfin demandé aux ambassadeurs des pays musulmans en poste au Danemark d’organiser une rencontre avec le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen.
Ils ont essuyé des refus sur tous ces points, même si un juge a depuis repris leur dossier. Alors, avaient-ils vraiment d’autre choix ?

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