Aucun repreneur pour Shems FM, la 4e radio tunisienne
Les repreneurs potentiels avaient jusqu’au 11 février pour se manifester auprès du holding al-Karama, mais aucune enveloppe n’est parvenue à Adel Grar, son PDG.
Jusqu’au dernier moment, mardi soir, Adel Grar, le PDG d’Al-Karama, qui gère les sociétés confisquées après la révolution, a attendu une offre pour la reprise de la radio Shems FM, 4e radio tunisienne en 2018 avec 6,1 % de part d’écoute quotidienne.
Mais si le PDG confirme avoir reçu des demandes d’informations, « aucune offre n’a été formulée », a-t-il expliqué à Jeune Afrique. « Il s’agissait d’une vente par négociation directe. Cela veut dire que les repreneurs pouvaient présenter leurs exigences », précise-t-il.
Cette échéance était la dernière chance pour Shems FM de trouver un repreneur privé. La commission nationale de gestion d’avoirs et des fonds pourrait en effet redemander une mise en vente ultérieure, mais c’est peu probable, car cet échec intervient après déjà deux appels d’offres classiques infructueux, en 2018 et 2019. « On aurait pu vendre Shems FM lors du premier appel d’offres mais le syndicat UGTT s’est montré trop gourmand. Avec l’appui de la Haica [instance régulatrice de l’audiovisuelle], il a exigé des investisseurs que tout le personnel soit conservé. C’était économiquement non viable », relate un observateur.
Vers une nationalisation ?
Au début du processus, deux investisseurs s’étaient montrés potentiellement intéressés : la famille Bayahi (industrie, grande distribution, assurances, etc.), via sa société d’investissements, CFI, et l’homme d’affaires Aziz Zouhir, dont le groupe Sotupa est spécialisé dans les produits hygiéniques. « C’est vrai que nous avions demandé à l’époque d’avoir accès aux données de la société. Mais ce n’est pas allé plus loin. Là, nous n’avons pas refait de demande, car la conjoncture ne s’y prête pas », explique Taïeb Bayahi à Jeune Afrique.
À la situation macroéconomique difficile, s’ajoutent la baisse continue des revenus publicitaire pour les radios et la situation déficitaire de Shems FM. Pour un chiffre d’affaires d’un peu plus d’un million de dinars (323 000 euros), elle accuse un budget dépense de 4 millions de dinars (1,3 million d’euros).
Les acteurs économiques ont donc fait leur choix et jugé que la radio lancée en septembre 2010, trois mois avant le début de la révolution tunisienne, et détenue à ses débuts par Cyrine Ben Ali, la fille de l’ancien autocrate, n’était pas viable. C’est maintenant à la Commission nationale de gestion d’avoirs et des fonds de statuer sur le sort de la société. Selon nos informations, le scénario le plus probable est celui qui voit la chaîne entrer dans le giron de la radio nationale.
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