Gabriel Coscas

Comblé de distinctions internationales, ?ce professeur de médecine français originaire ?de Tunisie apprécie plus que toute autre la médaille que vient de lui décerner ?la Société algérienne d’ophtalmologie.

Publié le 21 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Dans le monde de l’ophtalmologie, Gabriel Coscas est plus qu’une référence, c’est une légende vivante. Ancien titulaire de la chaire d’ophtalmologie de l’université de Créteil – dans la proche banlieue de Paris -, fondateur du service d’ophtalmologie de l’hôpital de la même ville, ancien vice-président de l’Organisation française de la prévention de la cécité (OPC), fondateur et président de l’European Board of Ophtalmology, vice-président de l’Académie mondiale de l’ophtalmologie, consultant international, le professeur Coscas aura consacré sa vie au service de la médecine et de la recherche.
Les médailles reçues aux quatre coins du monde et les distinctions internationales décernées par ses pairs sont si nombreuses que les énumérer nécessiterait sans doute une page entière du journal. Mais la dernière en date lui tient particulièrement à cur. La médaille d’or qui lui a été remise en décembre 2005 à Alger par la Société algérienne d’ophtalmologie est en effet la première remise à un Français d’origine sépharade. Lui qui n’a pas remis les pieds en Algérie depuis bientôt deux décennies en revient totalement enthousiasmé. « Je suis français mais totalement lié à l’Afrique du Nord. Un de mes ancêtres, Moïse Coscas, s’est installé en Tunisie à la fin du XVIe siècle. Il était probablement venu d’Algérie », dit-il.
Né en Tunisie le 1er mars 1931, Gabriel Coscas a fréquenté le lycée Carnot à Tunis avant de s’installer en France pour suivre de brillantes études de médecine. Avec l’étroite collaboration d’un de ses amis, le professeur Victor Hayat, il met au point une nouvelle technique pour réaliser des opérations chirurgicales liées à la greffe de la cornée. Le procédé consiste à « réparer » la cornée en utilisant un tissu humain prélevé sur la racine dentaire. Ce type très particulier de greffe se révèle efficace.
Ahmed, appelons-le ainsi, un jeune homme d’origine tunisienne, perd la vue à la suite d’un jet de vitriol reçu dans les yeux. Pris en charge par Gabriel Coscas et Victor Hayat, il est opéré de la cornée grâce à cette technique mise au point au service d’ophtalmologie de Créteil. De retour en Tunisie, le jeune homme recouvre totalement la vue après une courte période de convalescence. Un jour, le professeur Coscas reçoit une lettre signée de son patient. À l’intérieur, il y avait une photo émouvante. Juché sur un tracteur, Ahmed labourait son champ le sourire accroché aux lèvres. C’était sans doute sa façon d’apporter à son médecin la preuve de sa guérison. Depuis cette première opération, réalisée dans les années 1980, la technique a été progressivement améliorée et enrichie pour permettre à de très nombreuses personnes de voir de nouveau.
Étonnant comment le poids des ans n’altère en rien l’enthousiasme de cet homme. À 74 ans, Gabriel Coscas, bon pied bon il, continue de se rendre tous les matins à l’hôpital de Créteil. L’après-midi, il reçoit ses patients dans son cabinet du boulevard Saint-Germain à Paris. « Je suis fier de compter dans le service de Créteil des étudiants et des médecins venus de Tunisie, du Maroc et d’Algérie. Certains font le choix de rester en France, d’autres repartent dans leur pays pour transmettre le savoir qu’ils ont acquis et se mettre au service de leurs concitoyens », dit-il. Assurément, cet homme n’a jamais rompu les liens avec la terre natale : « Je suis persuadé que nous partageons le même élan de cur entre Français, Algériens, Tunisiens et Marocains. »

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