Fusions en chaîne

La nouvelle réglementation oblige les compagnies à consolider leurs finances.

Publié le 21 février 2006 Lecture : 2 minutes.

L’adoption en 2002 du code marocain des assurances a permis de clarifier les modalités de fonctionnement du secteur. Les règles pridentielles (solvabilité, provisionnement, évaluation des placements) ont été renforcées, ce qui oblige souvent les compagnies à s’adosser à de grands groupes pour renforcer leurs fonds propres. C’est RMA-Watanya qui a donné le coup d’envoi à ces mouvements de concentration.
Né en janvier 2004 de la fusion d’Al-Watanya et de la Royale marocaine d’assurance (du groupe bancaire BMCE), le groupe a affiché un chiffre d’affaires de 2,5 milliards de dirhams en 2004 (233 millions d’euros), s’attribuant 21 % de parts de marché. Il occupe ainsi le premier rang du classement, suivi d’Axa Assurance Maroc (2,2 milliards de dirhams) et de Wafa Assurance (1,5 milliard). Fin 2003, ce dernier était passé entre les mains du groupe BCM dans le cadre d’un raid financier surprise sur le groupe Wafa (aujourd’hui Attijariwafa Bank). Au début de l’année dernière, un investisseur marocain, Moulay Hafid Elalamy, a racheté au groupe Arig, originaire de Bahreïn, sa participation de 67 % au capital de la CNIA. Plus récemment, en septembre dernier, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG, publique) a pris une participation de 40 % dans le capital des compagnies Sanad et Atlanta, appartenant au groupe Holmarcom. Quant au groupe bancaire BCP, il a tenté en vain de reprendre une compagnie d’assurances et envisage aujourd’hui de créer la sienne.
Le Maroc compte aujourd’hui seize compagnies d’assurances et de réassurance, pour un secteur qui a rapporté environ 12,25 milliards de dirhams en 2004 et devrait approcher les 13 milliards en 2005. C’est la catégorie des assurances automobiles (obligatoires au Maroc) qui représente la plus grosse part du marché (36 %), suivie de la branche vie (23,5 %). Viennent ensuite les assurances accidents corporels (12,6 %), puis les accidents du travail (10,2 %). La branche automobile verra en juillet 2006 une déréglementation de ses tarifs – c’était la dernière branche à ne pas connaître de libre concurrence.
Le secteur reste en perpétuelle évolution. Depuis le lancement de l’assurance maladie obligatoire (AMO) fin 2005 – le tout premier système étatique et général de prise en charge dans le pays – le marché de la protection sociale est en passe d’échapper aux compagnies d’assurances. Jusqu’ici, certaines entreprises souscrivaient, pour leurs salariés, différentes assurances de groupe (maladie, décès, accidents du travail). L’AMO bouleverse la donne et devrait inciter les assureurs à proposer des couvertures complémentaires, un marché encore inexistant et qu’il va falloir développer. La bonne nouvelle, c’est qu’elles pourront garder leurs anciens clients pendant encore un certain temps.
Enfin, un autre élément devrait modifier la donne : l’accord d’association avec les États-Unis, en vigueur depuis le début de l’année. Entre autres facilités, elle ouvre les portes de l’assurance marocaine aux compagnies américaines. Elles ont désormais le droit de créer des filiales et des joint-ventures en participation au Maroc et pourront établir des branches, après une période transitoire de quatre ans. Un investisseur américain au Maroc pourra ainsi être simplement assuré aux États-Unis. La compagnie Alico, filiale de l’américaine AIG, a déjà manifesté son intention de s’implanter sur le marché marocain.

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