Du pain bénit pour Ben Laden

Nouvelle série de réactions et de commentaires après la publication en Europe de dessins jugés offensants par le monde musulman. Au préalable, un éclairage sur le Danemark, d’où est venue « l’affaire ».

Publié le 22 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Pour la quatrième semaine consécutive, l’affaire des caricatures du Prophète a continué d’embraser, çà et là, la « rue musulmane » – au point de tuer, notamment au Pakistan. Même si le calme revient peu à peu, ce choc entre dérision et droit au respect, liberté d’expression sacralisée et identité religieuse intangible, ayatollahs du tout-est- permis et imams du rien-n’est-possible, outrance contre outrance, passion contre passion, ignorance contre ignorance, ce choc dont le statut de crise internationale peut, a priori, paraître disproportionné, laissera des traces profondes.
Loin d’enfanter un dialogue salutaire, loin de faire progresser le « temps mental » et le modèle unique de société prôné par l’Occident, cette confrontation n’aura fait qu’approfondir un peu plus le fossé d’incompréhension qui le sépare de la Oumma musulmane. Comment en serait-il autrement quand on sait que cette agression – se gausser du Prophète, c’est se moquer de l’islam, et railler l’islam, c’est porter atteinte à la vie, pense l’immense majorité des musulmans – s’ajoute à une accumulation de souffrances et d’humiliations qui ont pour nom Tchétchénie, Irak, Palestine, Abou Ghraib ?
Certes, le fait que certains régimes en mal de légitimité se soient refait une virginité en instrumentalisant et en manipulant cette affaire paraît indéniable. Tout comme on fera crédit aux caricaturistes danois et à nos confrères de Charlie Hebdo, qui les ont diffusés en France, de ne pas avoir voulu sciemment insulter une communauté de croyants au profit d’une autre. Leur « uvre » obéit à un principe absolu, totalitaire et, pour tout dire, sacré : celui de la liberté de dire, de dessiner, de « charger » tout ce qui est, y compris Dieu et le Prophète. Le fait que leur modèle de pensée soit récusé ailleurs, au point de rejoindre le blasphème, n’entre pas en ligne de compte. Le fait que leur postulat soit totalement inadmissible aux yeux des musulmans – mais aussi des autorités chrétiennes ou juives– est immédiatement mis sur le compte du fanatisme, de l’obscurantisme et de l’aveuglement. À l’image d’un Flemming Rose, l’homme par qui le scandale est arrivé et dont nous publions ci-dessous le portrait, il ne faut pas attendre d’eux la moindre autocritique.
En attendant, dans une grotte des zones tribales aux confins de l’Afghanistan et du Pakistan, à moins que ce ne soit quelque part au cur du triangle des Bermudes, un homme se frotte les mains. Son nom : Oussama Ben Laden. Lui et ses fidèles sont depuis longtemps passés maîtres dans l’art de mobiliser cet islam humilié et bafoué. Pour al-Qaïda, chaque caricature du Prophète est un don de Dieu.

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