Coronavirus en Afrique : quels sont les pays les plus exposés ? Deux cartes pour comprendre
Du Maroc à la Centrafrique, cartographie des zones du continent les plus exposées au coronavirus et les pays les mieux armés pour résister à l’épidémie.
On l’espérait contenue, stabilisée, peut-être même sur le déclin. Mais en adoptant une définition élargie des cas de coronavirus – officiellement rebaptisé Covid-19 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – , les autorités chinoises ont provoqué, mécaniquement, une spectaculaire progression : le nombre de personnes atteintes, estimé mercredi à 44 000, dépasse maintenant les 60 000. Dont une immense majorité en Chine et, jusqu’à nouvel ordre, aucun cas recensé en Afrique.
L’OMS et la branche africaine du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américain se veulent toutefois prudentes : il serait statistiquement très improbable que le continent reste le seul épargné, et il est possible que des malades soient présents en Afrique et n’aient tout simplement pas encore été identifiés. Pour l’heure en tout cas, de la Côte d’Ivoire au Burkina Faso, les différents cas suspects se sont révélés négatifs.
Pour essayer d’aller au-delà des simples probabilités et des lieux communs, des scientifiques d’Europe, d’Afrique et d’Amérique ont uni leurs efforts pour modéliser, avec le maximum de précision possible, les risques d’arrivée du virus sur le continent. Quels pays sont les plus menacés ? Où la maladie a-t-elle le plus de chances d’être correctement combattue ?
Des pays les plus exposés…
Pour répondre à ces questions, des médecins, épidémiologistes, démographes et spécialistes de santé publique ont comparé leurs données, élaboré une méthodologie, dessiné des cartes. Le résultat de leurs travaux, chapeautés par les spécialistes de l’Inserm, à l’université parisienne de la Sorbonne, ont été publiés sur le site medrxiv.org et permettent, cartes à l’appui, de faire la liste des pays africains les plus exposés à l’arrivée du Covid-19.
L’une des originalités de l’étude est de prendre en compte le nombre de liaisons aériennes de chaque pays du continent avec les régions chinoises où sévit la maladie (voir carte 1). Selon ce critère, ce sont l’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud qui se détachent le plus nettement et, parce que les premières personnes infectées ont toutes les chances d’arriver en Afrique par avion, sont les plus menacées.
Bonne nouvelle, si l’on ose dire : ces trois pays, surtout le dernier, font partie de ceux où le système de santé est le plus solide, et sans doute le plus capable d’endiguer l’épidémie. Suivent au classement le Nigeria et l’Ethiopie, pays à risque du fait de leurs relations étroites avec la Chine, et un peu plus loin derrière le Maroc, le Soudan, l’Angola, la Tanzanie, le Ghana et le Kenya.
… aux pays les mieux armés pour résister
L’étude prend aussi en compte deux indicateurs baptisés SPAR (State Parties self-assessment Annual Reporting) et IDVI (Infectious Disease Vulnerability Index). Le premier, censé estimer le niveau opérationnel du système de santé de chaque pays, est d’une fiabilité aléatoire car il repose uniquement sur les déclarations des autorités locales.
Le second (voir carte 2) semble plus solide puisqu’il est calculé par des experts internationaux et prend en compte une large palette de critères, tels que l’état du système de santé, le développement économique, le mode de propagation des épidémies précédentes et, un point particulièrement crucial dans le cas du coronavirus, la démographie et la densité de population.
Selon ces critères, les pays les mieux armés pour résister sont l’Afrique du Sud, l’Égypte, la Tunisie et le Maroc. Et les plus fragiles la Somalie, le Tchad, la Centrafrique et la Mauritanie. Bonne nouvelle, si l’on ose dire là encore : ces derniers pays ne sont a priori pas les plus directement menacés par une arrivée de malades sur leur territoire.
De leur côté, les Américains de la John Hopskins University, basée à Baltimore, proposent un suivi quotidien du développement du Covid-19, qui a le mérite d’être actualisé très régulièrement. Selon leurs calculs, c’est l’aéroport de Johannesburg qui a le plus de chances d’être la porte d’entrée du virus sur le continent.
Une prédiction purement statistique, cela dit, et sévèrement critiquée par le régime chinois. Lors que de sa conférence de presse du 5 février, l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye, a eu des mots très durs à l’égard de ces différents scénarios élaborés par des chercheurs occidentaux qui, selon lui, relèvent de la spéculation pure et n’ont pour effet que de semer la panique.
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