Au fil des réformes

Libéralisé et ouvert aux partenaires étrangers, le secteur doit encore être modernisé.

Publié le 21 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Amorcée depuis une dizaine d’années, la libéralisation du marché algérien de l’assurance, jusque-là dominé par les entreprises d’État, a donné une première impulsion au secteur, qui s’est traduite par une multiplication des acteurs. Il existe aujourd’hui 17 compagnies d’assurances en Algérie, totalisant un chiffre d’affaires de 35,7 milliards de dinars (407,2 millions d’euros) en 2004, en progression de 14 % en un an. En dépit de ces statistiques encourageantes, le secteur ne représente que 3,6 % du PIB (33 % en Afrique du Sud). Selon les statistiques fournies par le ministère des Finances, les dépenses d’assurances engagées par chaque assuré algérien atteignent la moyenne de 15,30 dollars par an, contre 44,90 dollars au Maroc, 55,30 dollars en Tunisie et 680 dollars en Afrique du Sud.
Deux raisons principales à cette faiblesse : le manque de ressources humaines qualifiées et la prédominance des sociétés publiques. Elles sont trois à dominer 67 % de l’activité : la CAAT (ex-Compagnie algérienne des assurances), la SAA (Société algérienne des assurances) et la CAAR (ex-Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance). Le marché est dominé par trois branches : l’automobile, le transport et l’industriel. L’assurance automobile occupe une place prépondérante, mais l’activité souffre d’un déficit chronique en raison d’une effarante augmentation des accidents de la circulation. Ils causent la mort de plus de 4 000 personnes chaque année et les sociétés d’assurances étouffent sous le volume des montants alloués aux indemnisations. Les assureurs se plaignent du trop grand déséquilibre entre les tarifs de l’assurance auto et les charges qu’ils doivent assumer. Pour l’heure, les pouvoirs publics refusent d’accéder à leur demande de revoir les tarifs de l’assurance auto à la hausse.
Concernant la couverture des risques naturels, les autorités algériennes ont tiré les enseignements des inondations qui ont ravagé Bab el-Oued (quartier populaire de la capitale) en décembre 2002 et du tremblement de terre qui a touché la région de Boumerdès (à 40 kilomètres d’Alger) en mai 2003. Ces deux tragédies ont contraint le gouvernement à revoir la législation en matière de catastrophes naturelles. Depuis le 1er septembre 2004, la souscription de contrat d’assurance contre les risques de calamités naturelles est devenue obligatoire pour tout propriétaire d’immeubles construits en Algérie, ainsi que pour toute personne physique ou morale (particuliers, entreprises) possédant des installations industrielles et commerciales.
Forte de ces réformes, l’assurance dommages s’est développée au détriment de l’assurance individuelle, qui ne représente plus que 5 % des cotisations annuelles. « Cette branche reste le talon d’Achille de l’activité d’assurance en Algérie », affirme Abdelmadjid Messaoudi, secrétaire général du Conseil national des assurances (CNA). Pour Ahmed Hadj Mohamed, directeur d’Al-Baraka Oua al-Amane, une compagnie d’assurances privée qui compte 82 agences réparties sur l’ensemble du territoire national, le manque d’engouement des Algériens pour l’assurance vie relève d’un problème de confiance. « Il existe une frustration entre les assurés et les assureurs à cause d’un manque de crédibilité dans le traitement et le règlement des dossiers », dit-il. De fait, très souvent, les délais de règlement des indemnités peuvent dépasser les huit mois.
C’est l’un des défis que les compagnies d’assurances algériennes se promettent de relever dans les prochaines années. Elles devraient être aidées en cela par une nouvelle loi, dont l’avant-projet a été présenté au Parlement au début de l’année. Au programme, la modernisation du marché, avec notamment un partage plus clair des activités entre dommages et assurance vie, et la réorganisation des organes de supervision. La nouvelle législation vise à la stimulation de l’activité en garantissant la sécurité financière et en améliorant la gouvernance des entreprises.

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