[Tribune] Au Cameroun, des élections comme si de rien n’était
En décidant d’organiser des élections législatives et municipales alors que des régions entières échappent au contrôle de l’État, le régime camerounais a voulu montrer qu’il ne cède pas aux « donneurs de leçons ». Était-ce une marque de courage ou, au contraire, une obstination, voire une résignation face à une crise que l’on n’arrive pas à juguler ?
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Georges Dougueli
Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.
Publié le 19 février 2020 Lecture : 3 minutes.
Ne soyons pas mauvaise langue. Les élections législatives et municipales camerounaises du 9 février n’ont pas été les pires de ces dernières décennies. Dans la presse nationale la plus sérieuse, ce rendez-vous tient en quelques lignes vite lues. Ce n’est qu’un épisode peu excitant dans l’histoire politique du pays.
Soyons clairs, il n’a pas dérogé à la tradition électorale établie avec ses sempiternelles irrégularités et fraudes, qu’il n’est du reste pas question de minimiser ici. Et c’est sans doute grâce à ces travers systémiques notoires que la machine a produit le résultat attendu en faveur du parti du président Paul Biya, nanti pour cinq ans d’une majorité obèse de 156 députés sur 180, selon les résultats provisoires. En bref, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat !
Des élections en pleine crise anglophone
En revanche, l’élément nouveau qui retient l’attention a plus à voir avec le contexte qu’avec le système électoral proprement dit. C’est l’idée d’organiser des élections législatives et locales alors que les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest échappent au contrôle de l’État. Ce faisant, le régime camerounais a ainsi inventé l’élection-bravade. Celle qu’on organise, sur un air de défi, pour montrer qu’on ne cède pas aux « donneurs de leçons ».
Bien s’informer, mieux décider
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